dimanche 28 avril 2013

La cause du décès d'Émerentienne Chançay


Louis Veignault, curé et éphémère échevin de Romorantin est en passe de devenir mon meilleur ami. Il écrit de très nombreux détails dans les actes, des circonstances de décès aux inondations qui ravagent la ville. J'ai enfin trouvé l'acte de décès de la première épouse de mon arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père, Joseph Perly.

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 4 E 194/32 - p. 15)
L'an mil sept cens soixante onze le trois may marie Emerentienne chançay agée de trente quatre ans, Epouse de joseph Perly vigneron, decedée hier a la Louche dans l'accouchement avec l'extreme onction, ayant la veille reçu les Sacrements de penitence et d'Eucharistie a l'eglise, a été par nous soussigné inhumée au grand cimetiere presens son dit mari et jacques piedru qui ont declaré ne savoir signer de ce Enquis. Veignault curé.
Etonnant qu'une femme en train d'accoucher prenne la peine d'aller jusqu'à l'église pour recevoir la pénitence et l'eucharistie. En tout cas, alors que de nombreuses femmes mourraient quelques jours après l'accouchement, me laissant supposer les causes de leur décès, j'ai ici la certitude de la cause du décès d'Émerentienne.

Le bébé ne verra jamais le jour, il n'y a ni baptême, ni ondoiement, ni sépulture d'un enfant mort-né à la suite de cet acte. Elle aura donné trois enfants à son mari :

  • Émerentienne Agathe, morte à 11 jours, 
  • Joseph, décédé à 4 ans, 
  • Nicolas Guillaume qui survivra et sera témoin à de nombreux actes de mes ancêtres.
Ce quatrième bébé ne naquit jamais.

jeudi 25 avril 2013

Un bien jeune parrain


En cherchant mes ancêtres Perly, je suis tombé sur une de nos familles vivant à Romorantin : les Villardery.

Jacques Villardery, mon ancêtre à la 10ème génération, est tissier en draps. Sa femme, Catherine Prévost donne le jour à un de leur nombreux enfants, une petite fille : Marie Anne Solange. Sainte Solange est la sainte patronne du Berry, raison pour laquelle nous en trouvons beaucoup dans cette province de France.

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 4 E 194/29 - p. 20)
L'an mil sept cens soixante huit le treize may par nous soussigné a eté baptisée marie anne Solange née de ce jour sur cette paroisse du legitime mariage de jacques Villardry qui a paru devant nous et de marthe catherine Prevost. Son parain a eté jacques villardry son frere soussigné et sa maraine marie anne villardry sa cousine qui a declaré ne savoir signer de ce Enquise. jacques villardry.
Veignault curé et Echevin.
Le baptême est donc célébré par Louis Veignault, curé de Romorantin et fraîchement nommé échevin par Monseigneur le duc d'Orléans comme il l'a écrit lui-même dans les registres paroissiaux en se faisant figurer parmi les autres titulaires d'offices aux noms flatteurs à particule. Cet acte sera d'ailleurs rayé par le curé qui lui succèdera pour "vanité".

(Louis-Philippe d'Orléans (1725-1785) par Jean Daniel Welper, source : domaine public, via Wikimedia Commons)
Le prénom de la mère est donné comme "Marthe Catherine" pour la première fois. Sur son acte de mariage, elle est nommée Catherine. Il faudra que je trouve son acte de baptême pour voir si elle portait bien ces deux noms ou s'il s'agit à nouveau d'un prénom d'usage.

Les Villardery (ou Villardry selon les cas) sont lettrés et la plupart des enfants, garçons comme filles, savent signer. Le parrain, frère de la nouvelle née, ne fait pas exception. Ce qui est touchant, c'est qu'il est seulement âgé de onze ans. C'est donc un petit enfant qui manie la plume et l'encrier, comme on peut le deviner par l'écriture appliquée.

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 4 E 194/29 - p. 20)
Et vous, avez-vous déjà vu des parrains et marraines enfants dans votre généalogie ?

mardi 23 avril 2013

Emerentienne Agathe

J'ai décidé de prendre mon courage à deux mains et de retrouver la descendance de mon ancêtre Joseph Perly.

(source : Arbre familial, via Geneanet)
Les Perly sont la branche patronymique de ma grand-mère paternelle (dernière de la liste ci-dessus). Ils sont longtemps restés un grand mystère pour moi. mon arrière grand-père s'étant fâché avec le reste de la famille, et son propre père Joseph ayant émigré à Tours, nous ne savions pas exactement d'où ils venaient. J'en ai retrouvé la trace grâce à Geneanet. Les Perly viennent de Romorantin, dans le Loir-et-Cher.

En 1764, Joseph Perly, vigneron, fils de Joseph Perly et de Gabrielle Blineau épouse Emerentienne Chançay, fille de François Chançay et de Marie Piedcou. Tous deux savent signer, ce qui démontre pour l'époque (surtout pour Emerentienne) une certaine éducation et un certain niveau de vie.

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher)
Je ne descends pas d'Emerentienne, mais de la deuxième épouse de Joseph : Marie Madeleine Lanchet. Toujours est-il que pour mieux connaître la vie de cet ancêtre vigneron né sous le règne de Louis XV et mort sous celui de Napoléon, j'ai décidé de retrouver tous ses enfants de ses deux mariages.

Le parcours est riche en surprises ; Romorantin est une grosse ville du duché d'Orléans et les prêtres ne sont pas avares en détails concernant ce fou arrêté dans une prison pour sa sécurité et où il décède, ou encore les causes de décès de cet homme retrouvé dans une église et autopsié. On est loin des obscurs et mal tenus regitres de Dordogne.

C'est ainsi qu'en 1765, année froide et pluvieuse aux dires de Wikipédia, naît Emerentienne Agathe.


(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 4 E 194/26 - p. 9)
"L'an Mil Sept Cent Soixante cinq Le Cinq fevrier par nous soussigné a été Baptisée Emerentienne agathe née de ce jour du Legitime mariage de Joseph perly qui a paru devant nous et d'Emerencienne Chancay, son parrain a eté Jean Cadou Soussigné et Sa marraine gabrielle Blineau vê perly Sa grand mere qui a declaré ne Scavoir Signer de Ce Enquise Tous de cette paroisse."
A cette époque, rare sont les personnes à porter plusieurs prénoms en dehors de l'aristocratie. J'ai néanmoins remarqué que dans le Loir-et-Cher, indépendamment du milieu social, il semble être une habitude de donner plusieurs prénoms à ses enfants.

D'où viennent ces deux beaux prénoms dont le premier m'était complètement inconnu ?

D'après Wikipédia, Émérentienne était une esclave et la fille de la nourrice de sainte Agnès. Après la mort de la sainte, et convertie elle-même au christianisme, elle alla chaque jour prier sur sa tombe. Reconnue comme chrétienne, elle fut lapidée près du même tombeau et mourut en 304.

(Lapidation d'Émérentienne sur la coupe de sainte Agnès, British Museum,
 source : Johnbod, licence CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)
Une bien triste histoire pour un si joli prénom. Qu'en est-il d'Agathe ?

Agathe signifie "Bon" en grec. La plus connue est sainte Agathe de Catane, vierge et martyre morte en 251. Refusant les avances de Quintien, proconsul de Sicile, elle subit de nombreuses tortures dont la plus connue consista à lui arracher les seins à l'aide de tenailles. C'est la raison pour laquelle elle est souvent représentée avec ses seins posés sur un plateau. Elle fut guérie par l'apôtre Pierre.

Elle est la patronne des nourrices, des bijoutiers et des fondeurs de cloches.

(Sainte Agathe, huile sur toile, par Francisco de Zurbarán, source : domaine public, via Wikimedia Commons)
Bien triste patronage que deux saintes martyres pour ce petit bébé qui meurt à l'âge de 18 jours seulement !

dimanche 21 avril 2013

Jeanne Passerieux : une veuve noire ?

Le fait est plutôt rare, surtout en ces temps reculés, mais j'ai une ancêtre qui s'est mariée plus souvent qu'elle n'a eu d'enfants.

Jeanne Passerieux voit le jour le 13 octobre 1757 (le jour exact de ma naissance 229 ans plus tard) dans le bourg de Saint-Paul-la-Roche, en Dordogne. C'est la fille de Jean Passerieux, successivement journalier, laboureur, tisserand et cultivateur, et de Marguerite Cerve.

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI13001_003 - p. 41)
Parmi les nombreux Passerieux dont je descends en Dordogne, c'est la seule dont je connaisse à ce jour les parents.

Jeanne a 27 ans lors de son premier mariage, à Saint-Pierre-de-Frugie (le village voisin) avec Jean Champagne, le 20 juin 1785. Jean Champagne est tisserand et veuf de Peyronne Eymery. Il décède le 29 janvier 1792, laissant Jeanne seule et enceinte d'un petit Pierre, né en avril de la même année et décédé 11 jours plus tard.

Deux mois plus tard, ne pouvant rester seule pour subvenir à ses besoins, Jeanne épouse Léonard Chapelle, mon ancêtre, peigneur de chanvre originaire de Saint-Priest-les-Fougères, fils de Jean Chapelle et d'Agathe Ravaud. Le sort décide de continuer à accabler la pauvre Jeanne puisque Léonard décède en le 9 mars 1793 et qu'elle accouche de leur fille, Agathe, le 9 août de la même année (comme quoi, parfois, notre existence ne tient qu'à un fil, puisque nous descendons de cette Agathe Chapelle).

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI13101_003 - p. 9)
Jeanne se retrouve donc à 30 ans veuve pour la deuxième fois et cette fois-ci avec une petite fille qu'elle doit élever. Le 13 ventôse an II (le calendrier républicain a fait son apparition depuis lors, mais on peut se douter que Jeanne a d'autres préoccupations que la Révolution à l'heure actuelle), elle épouse Pierre Belair, cultivateur, journalier et maçon, originaire de Bussière-Galant en Haute-Vienne. Pierre est le fils de Charles Belair et de Léonarde Blanchier. Il est surtout veuf de Michelle Lamargot et est âgé de 55 ans.

Jeanne Passerieux est-elle une veuve noire ? Le 18 frimaire an VI nait Jeanne Belair, cette fois-ci du vivant de son père qui décède peu de temps après le 21 vendémiaire an VIII.

Jeanne va passer quelques années à élever seule Agathe et Jeanne, sûrement avec l'aide de ses ex-belles-familles. Le 9 frimaire an XII, elle épouse Jean Fontroubade, dit La Plaine, cultivateur originaire également de Bussière-Galant en Haute-Vienne. Il est également veuf et âgé de 57 ans.

Il me semble qu'elle part vivre avec lui en Haute-Vienne et en l'attente de la mise en ligne des archives, je n'en saurais pas plus. Son mari (âgé pour l'époque) est-il mort lui aussi ? S'est elle remariée à nouveau ? Etonnante histoire qu'une femme qui accouche d'enfants de ses deux premiers maris après leur décès et dont les deux suivants étaient âgés. Subissait-elle le coup du sort où a-t-elle tué ses maris telle une veuve noire ? Nous ne le saurons jamais ...

vendredi 19 avril 2013

Héraldique et Pinterest


Hier soir, en fouinant sur Gallica, je suis tombé sur ce document d'exception que je vous invite à feuilleter :




L'armorial de Gilles Le Bouvier, dit Berry, héraut d'armes du roi Charles VII. On ne le dira jamais assez, la masse de documents numérisée par la Bibliothèque Nationale de France et mise à disposition gratuitement sur internet est quasiment infinie ! Et les documents tout à fait exceptionnels.

En feuilletant, page après page, j'ai trouvé deux blasons appartenant à mes ancêtres.

(source : Gallica / Bibliothèque nationale de France)
Tout d'abord, les seigneurs de Mathefelon (écrit ici "Mateflon"), situés dans l'Ouest de la France, dont les armes sont devenues celles de la ville de Mayenne !

Ensuite, quelques pages plus loin, "le Sire de Lavedan".

(source : Gallica / Bibliothèque nationale de France)
Les vicomtes de Lavedan vivaient dans le Sud Ouest de la France. Normalement, les corbeaux sont becqués de gueules (c'est à dire avec un bec rouge), mais ces armes, dessinées entre 1400 et 1500 (!) ont un côté naïf et grossier qui est touchant. Il y a également dans cet armorial de magnifique portraits héraldiques à cheval des grands personnages de l'état : le roi de France, le duc de Bretagne, etc...

Maintenant, pourquoi avoir mis Pinterest dans le titre ? Parce que la généalogie n'est plus l'affaire de bibliothèque poussiéreuses (comme le prouve d'ailleurs le site Gallica), et qu'internet nous offre la possibilité de partager le savoir et la connaissance comme jamais. Or, ce site, Pinterest, est spécialisé dans le partage de photos, regroupées en tableaux ou albums photos.

J'ai par exemple un tableau (dans lequel vous retrouverez les deux blasons ci-dessus) qui regroupe les armes de nos ancêtres trouvées sur différents supports. Un autre, comme j'en parlais un peu ici, qui regroupe les vieux tampons trouvés au détour des registres (avec une collaboration active de Bruno Rivet et Sébastien Pissard).

Je trouve le site clair, propre et sans pub (contrairement à Facebook), c'est la raison pour laquelle je vais l'utiliser comme album photos de mes découvertes dans ces vieux documents extraordinaires auxquels nous avons accès si simplement aujourd'hui.

La généalogie est bien plus qu'une simple affaire de registres d'état civil, et l'héraldique, la sigillographie  , la phaléristique (que de beaux mots !), qui y sont associées sont également des disciplines passionnantes.

dimanche 14 avril 2013

Encore une jeune fille mariée à 13 ans


Nous sommes le 8 juin 1772 et Guillaume Vidal, le curé de Saint-Priest-les-Fougères (en Dordogne), s'apprête à marier la fille de Jean Chapelle, cardeur, et d'Agathe Ravaud (tous deux mes ancêtres)

(source : Site internet du diocèse de Périgueux et Sarlat)
Jusque là, rien de bien surprenant. Sont venus à la noce le père et l'oncle de la mariée, l'oncle (et probablement tuteur) d'Yrieix Juliard (le marié), et le marguillier. Dans des actes ultérieurs, j'apprends que le jeune couple vit avec les parents de la mariée au village de Dienne. Seul détail, la mariée, baptisée en 1759, a 13 ans ...

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI13201_002 - p. 187)
"Le 8e juin 1773 après Les trois publications precedées des fiançailles sans opposition n'y empechement je soussigné ay imparti La Benediction nuptiale a yrieys juliard fils Legitime de feûs Charles juliard Laboureur et d'anne hiver du village du mas et a agathe Chapelle fille Legitime de jean Chapelle cardeur et d'agathe Ravaud metayer au village de dienne, presents Led jean Chapelle pere, Leonard Chapelle oncle de l'epouze, Charles juliard frere de l'Epoux Et Guillaume merle marguiller qui n'ont sçu signer de ce enquis, Vidal curé de St Prié"
Que dire, à part : pauvre enfant !

vendredi 12 avril 2013

Vivre à Châteauneuf depuis 832 ans


Ma famille maternelle est originaire de Châteauneuf-sur-Cher, et y est implanté depuis extrêmement longtemps, comme nous allons le voir. L'acte le plus ancien concernant un de nos ancêtres ayant vécu à Châteauneuf est une charte de l'Abbaye de Noirlac de 1181.

(Abbaye de Noirlac, source : Goldmund100, licence CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)
La personne ayant ratifié cette charte se nomme Renoul de Culant, seigneur d'Issoudun et de Châteauneuf-sur-Cher en partie et baron de Culant. Son fils, Hélie, obtiendra du Roi Philippe Auguste en échange de la seigneurie d'Issoudun le tiers manquant de la seigneurie de Châteauneuf et sera donc baron de Culant, de Châteauneuf-sur-Cher et de Saint-Désiré.

Les armes des Culant se blasonnent ainsi : d'azur, semé de molettes d'or, au lion de même brochant.

(source : dessin personnel, licence CC BY-SA 3.0)
Les couleurs (or et azur) sont celles de nombreuses familles de France puisque ce sont celles des armes de la famille royale. Les molettes symbolisent des éperons de cavalier. Le lion est un attribut fréquemment porté par les familles nobles.

Pendant 832 ans, notre famille a donc vécu à Châteauneuf-sur-Cher, voici la descendance depuis Renoul de Culant jusqu'à mon arrière-grand-père :


  • Renoul de Culant
  • Béatrix de Culant
  • Pierre de Bastard de Sainte-Solange
  • Guillaume de Bastard
  • Jehan de Bastard de Sainte-Solange
  • Macé de Bastard
  • Jacques de Bastard
  • Guillaume de Bastard
  • N. de Bastard
  • Jeanne de la Loë
  • Pierre Godard
  • Françoise Godard
  • Pierre Jaupitre
  • Etienne Jaupitre
  • Pierre Jaupitre
  • Pierre Jaupitre
  • François Jaupitre
  • Pierre Jaupitre
  • Catherine Jaupitre
  • Hélène Buret
  • Anne Prigat
  • Jeanne Virginie Douard
  • Victorinne Robert
  • Virginie Monory
  • Pierre Marie Joseph Frémeau

lundi 8 avril 2013

Nota marginalis


Je suis actuellement en train de retrouver les enfants de Paulin Feneyrol et Jeanne Vignol, à Saint-Priest-les-Fougères, en Dordogne. Les Feneyrol sont originaires de la Haute-Vienne, ce qui explique le peu de renseignement que j'ai sur cette branche, installée en Dordogne depuis les parents de Paulin : Antoine Feneyrol et Françoise Lacour.

Paulin et Jeanne sont métayers, c'est à dire qu'ils exploitent les terres d'un propriétaire et partagent avec lui la moitié des fruits de leur labeur. C'est une condition assez modeste, je sais même qu'ils sont pauvres. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est François Lamothe, adjoint au maire de Jumilhac-le-Grand sur l'acte de décès de leur fille Marie en 1816. Il écrit ceci :

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI12704_036 - p. 9)
"... habitant le village du mas même commune de jumilhac et paul feynérol son pere lui succede et il est metayer pauvre ..."
Pour ces personnes d'une si modeste condition, le curé daigne à peine griffonner deux lignes sur son registre pour noter les baptêmes de ses enfants. Il faut être attentif et ne rien manquer. L'abbé Teillat est tellement économe en rédaction d'actes que deux mois après le baptême d'un des enfants du couple en 1781, il écrit ceci dans la marge :

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI13206_003 - p. 339)
"obiit 7e aprilis 1781"
Ce petit mot, obiit, signifie en latin : il mourut. Plutôt que de se fatiguer à rédiger un acte de sépulture en bonne et due forme pour le petit Pierre Feneyrol, il écrivit simplement : il mourut le 7 avril 1781.

Retrouver la trace de nos ancêtres les plus modestes est toujours plus difficile, les actes sont rédigés avec moins de soin et peu de généalogistes se sont intéressés à ces branches, mais ils méritent autant que les autres d'être retrouvés. En conclusion, dans nos recherches, ne sous-estimons jamais les mentions marginales.

vendredi 5 avril 2013

Explorer une nouvelle branche


Il y a encore peu de temps, Léonarde Leymarie n'était qu'une personne de plus sur mon arbre, dont je ne savais pas grand chose.
(Liens de parenté jusqu'à mon arrière-grand-mère, source : Arbre familial, via Geneanet)
Je la savais épouse de Bernard Rebeyrol, cultivateur, clerc et laboureur, j'avais même trouvé leurs sept enfants, mais pas de trace d'acte de mariage. J'étais passé à un autre ancêtre et j'avais continué mes pérégrinations dans les registres.

Seulement, la pauvre Léonarde se retrouvait avec pour seules informations ses sept enfants et son acte de décès le 5 septembre 1789. Comme mon projet Wikifremo veut que je trouve le plus de renseignements sur mes ancêtres, je me suis attelé à trouver le fin mot de l'histoire de Léonarde. 

Tous les enfants de Léonarde et Bernard étaient nés et avaient vécu à Saint-Paul-la-Roche, en Dordogne. N'ayant pas trouvé l'acte de mariage Rebeyrol/Leymarie et la tradition voulant qu'on se mariait dans la commune de naissance de la mariée, je pouvais en déduire que Léonarde ne venait pas de Saint-Paul-la-Roche. Grâce à Bigenet et 2 € plus tard (je n'aime pas payer pour une information, mais personne sur Geneanet ne s'intéresse à la famille Leymarie et Bigenet avait l'information) j'ai appris qu'ils s'étaient mariés à Lanouaille.

(A- Saint-Paul-la-Roche, B- Lanouaille, source : Google Maps)
Sur l'acte de mariage, j'apprends que Bernard Rebeyrol est veuf d'une "Léonarde" Bouyer (il s'agit en réalité d'une Marie, qui sera même appelée Marie "Lajarte" sur son acte de mariage) figurent le nom de ses parents que je connaissais déjà, et surtout, ceux des parents de Léonarde : Simon Leymarie et Germaine Dufour.

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI11806_001- p. 614)
On le sait, en généalogie, l'acte de mariage est le sésame qui nous permet de pouvoir remonter à la génération précédente. En supposant que Simon Leymarie et Germaine Dufour aient bien vécu à Lanouaille, j'allais pouvoir découvrir toute une nouvelle branche dans un tout nouveau village. 

Mes ancêtres de Dordogne se trouvent généralement à Thenon, Saint-Paul-la-Roche, Jumilhac-le-Grand, La Coquille, Chaleix, toutes communes limitrophes. Il a donc fallu se familiariser avec de tous nouveaux noms de famille et l'écriture nouvelle d'un curé. Bigenet m'ayant indiqué (gratuitement) que Simon Leymarie et Germaine Dufour s'étaient mariés en 1733, je file à cette année à Lanouaille pour commencer par leur acte de mariage avant de trouver leurs enfants un par un. 

Je n'y trouve pas d'acte de mariage, mais à la fin de l'année, je trouve l'acte de baptême de Léonard Leymarie, fils de Simon Leymarie maître maréchal (j'apprends déjà son métier) et Germaine Dufour. Sur cet acte, figurent deux informations importantes.

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI11806_001- p. 204)
"... et marraine Jeanne dufour sa tente maternelle habitante au vilage de varelie paroisse de genis en limousin..."
Le fait que la tante et marraine habite à Génis peut me laisser penser que c'est le village d'origine des Dufour et que c'est l'endroit où se sont mariés Simon et Germaine. Génis se trouve toujours en Dordogne, un peu plus au sud de Lanouaille.

(source : Carte de Cassini)
Mais cet acte de baptême m'apporte un nouveau renseignement. Généralement, pour le baptême du premier (voire des deux premiers enfants), on choisissait comme parrain et marraine les grands-parents des enfants, puis les oncles et tantes ou amis pour les autres enfants. Ici, le grand-père n'a pas pu être parrain (peut-être était-il malade, trop vieux, alité, etc.), mais une petite note en marge nous apprend ceci :

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI11806_001- p. 204)
"guilhaume leymarie grand pere a prié leonard boni de porter sur les fons baptismaux le dit baptisé"
Quand on sait que dans un grand nombre de cas, les actes de mariages de Dordogne ne mentionnent pas le nom des parents, c'est un renseignement précieux que de savoir que Simon Leymarie, le maître maréchal, est le fils d'un Guilhaume Leymarie.

L'astuce de la marraine/tante a ensuite fonctionné et j'ai trouvé comme promis l'acte de mariage à Génis, où j'apprends que Simon et son père Guilhaume savent signer d'une belle écriture.

(Signature de Simon Leymarie, source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI09505_003 - p. 88)
J'ai donc continué, année après année, jusqu'à trouver l'acte de baptême de Léonarde en 1738. Ce qui est amusant lorsqu'on découvre une nouvelle branche, c'est qu'aucun des noms ne nous est connu. J'ai donc vu beaucoup de Leymarie dans ce village qui avaient des professions de bourgeois ou maître chirurgien et mariés à des femmes de petite noblesse. Sont-ils liés avec mes Leymarie ? Je ne le saurais qu'en remontant davantage de génération. Alors, le brouillard d'encre et de papier s'éclaircira et enfin je comprendrais les relations entre les habitants du village, peut-être seulement dans un an ou deux...

Enfin, en cherchant les différents enfants Leymarie, je suis tombé sur l'acte de décès de Léonard Dufour, le père de Germaine, qui était peut-être parti passer ses vieux jours chez son gendre.

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI11806_001- p. 653)
"Le meme jour et an que cy dessus, à eté enterré dans le cimetiere dela nouaille apres avoir receu l'extre onction etant mort d'un someil letargique, du pst bourg. Leonard dufour veuf de füe marie vigneras, agé d'environ soixante et dix ans en presence de Simon leymarie son gendre du pst bourg qui at signé et de jean bugeaud qui nat signé."
Un grand-père qui décède donc à un âge honorable pour l'époque, mais surtout, d'une raison assez étonnante et que le prêtre prend la peine de noter : sommeil léthargique. Etait-il dans le coma depuis un certain temps ? En 1742, sans possibilité d'être alimenté, le coma devait signer un arrêt de mort à coup sûr...

En tout cas, je ne le dirais jamais assez, en généalogie, l'important, ce n'est pas ce qu'on trouve, c'est de chercher. Et j'ai maintenant une toute nouvelle branche à laquelle personne sur Geneanet ne s'est jamais intéressé à explorer. Bien plus amusant que ces milliers d'arbres sur l'ascendance de Louis XIV, je peux maintenant faire revivre la famille d'un maréchal ferrant d'un petit village de Dordogne qui n'aura certes pas marqué l'histoire, mais sans qui je ne serai pas là aujourd'hui.

mercredi 3 avril 2013

Tampon de la généralité de Bordeaux

Feuilletant les registres de Lanouaille (en Dordogne), j'ai trouvé ce beau tampon de la généralité de Bordeaux, l'une des 37 circonscriptions de la France sous l'Ancien Régime.

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI11806_001 - p. 239)
Nous sommes en 1736, sous le règne de Louis XV, et pourtant le Roi Soleil semble toujours bien présent, non ?