Simon BRANCHU + Marie ROUSSEAU
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Marie Françoise BRANCHU Victor Auguste BRANCHU
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Marie Renée TESTU Louis Victor BRANCHU
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Madeleine Marie Victorine BRANCHU
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Ma grand-mère
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Mon père
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Moi
Hier, je me suis rendu aux archives nationales, à Paris, pour consulter le contrat de mariage de Marie Renée TESTU, fille d'un charron de Coulans-sur-Gée (Sarthe) et de la fille d'un de mes ancêtres, avec Félix Charles NOUVELLIÈRE, architecte et fils naturel d'une lingère du Mans (Sarthe). Ce document a été riche en surprises et en découvertes et m'a fait apprécier l'univers richissime des archives notariales.
Mon dossier aux Archives nationales (source : photo personnelle) |
Après avoir réservé mon dossier sur le site internet des archives nationales, j'ai trouvé, en tournant les actes de juillet 1875 de Maître Eugène Julien HATIN, le contrat de mariage que je cherchais.
(source : Archives nationales - MC/ET/XIX/1193) |
Comme souvent, dans un contrat de mariage, mes yeux filent directement sur la dot, moyen intéressant de connaître le niveau de vie de nos aïeux. Et quelle ne fut pas ma surprise quand j'ai découvert la dot extraordinairement élevée du futur époux :
- 7 000 F en habits, linge, bijoux, vêtements et bibliothèque
- 10 000 F en deniers comptants
- 5 000 F représentant la valeur de son cabinet d'architecte 77 rue de Maubeuge à Paris
- 35 000 F de créances de sa clientèle
- 67 200 F de rente sur l'état français
- 31 700 F d'obligations du chemin de fer du Nord
- 10 867,50 F d'obligations du chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée
- 20 182,50 F d'obligations du chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée
- 6 940 F d'actions du chemin de fer du Midi
- 2 885 F d'actions du chemin de fer de l'Est
- 6 170 F d'actions du chemin de fer autrichien
- 5 000 F d'obligations au porteur de la ville de Paris
- 3 490 F d'obligations au porteur de la ville de Paris
- 3 876 F d'obligations au porteur de la ville de Paris
- 5 200 F d'obligations au porteur du canal maritime de Suez
- 4 840 F d'obligations du Crédit foncier de France
- 576 F d'obligations du Crédit foncier de France
- 4 650 F d'obligations communales du Crédit foncier de France
- 5 800 F d'obligations au porteur du chemin de fer des Charentes
- 22 051, 62 F de rente française
- 11 596 F de rente française
- 12 320 F d'obligations du chemin de fer du Midi
- 9 300 F d'obligations du chemin de fer de l'Ouest
- 8 034 F d'obligations du chemin de fer de l'Est
- 12 628 F d'obligations du chemin de fer du Dauphiné
- 9 641 F d'obligations du chemin de fer d'Orléans
- 13 684 F d'obligations du chemin de fer d'Orléans
- 2 952,25 F en une maison de campagne à Montmorency
Soit un total d'apport en dot de 338 388,87 F ! Comparé aux contrats de mariages de mes vignerons qui s'apportaient entre 200 et 400 F de dot, c'est radicalement différent. C'est surtout extrêmement étonnant de la part d'un enfant né de père inconnu et d'une mère lingère. Après cette débauche de dot sur dix pages (toutes les actions sont détaillées avec leur numéro, leur taux, etc.), un petit texte m'explique la raison de cette fortune.
(source : Archives nationales - MC/ET/XIX/1193) |
Ma première théorie est que ce Pierre Félix DELARUE était le père de Félix Charles NOUVELLIÈRE puisque ce dernier et ses enfants prendront le nom de DELARUE-NOUVELLIÈRE, qu'ils partagent un prénom, ont la même profession, et surtout, aucun lien de parenté apparent. Cela reste d'ailleurs une possibilité. Mais continuons d'abord notre chemin dans ce contrat de mariage."... Cet apport est libre de toutes dettes, et grevé (seulement
pour portion) d'usufruit au profit de mad.me Delarue, comme il est dit ci-dessus. Il lui provient tant de ses gains et économies que du legs universelfait à son profit par M. Pierre Felix Delarue, en son vivant architecte,propriétaire, chevalier de la légion d'honneur, demeurant à Paris, rue deCompiegne n°4 décédé en sa maison de campagne à Montmorency (Seineet Oise) rue des Chesnaux 15, le trente aout mil huit cent soixantetreize, aux termes du testament olographe de ce dernier ..."
On comprend, par toutes ces actions dans le chemin de fer, comment ses enfants (dont Pierre DELARUE-NOUVELLIÈRE) furent passionnés de train. Voyons maintenant l'apport de la future épouse.
(source : Archives nationales - MC/ET/XIX/1193) |
"La future épouse de son côté apporte en mariage, et se constitue
personnellement en dotLes habits, linge, robes, vêtements, Ichals [?], dentelles, bijoux, piano, musiqueet autres objets à son usage personnel d'une valeur de Quatre millefrancs, ci 4000"
C'est émouvant de savoir que du côté BRANCHU, on était musicien. Mon arrière-grand-mère que l'on peut voir sur l'arbre en haut de l'article jouait du piano et c'est sur son piano (dont nous avions hérité) que j'ai commencé la musique. Marie Renée TESTU (fille d'une BRANCHU) avait également un piano. Les actes de mariage de ses enfants m'ont appris que sa fille Marie Anne Rosa NOUVELLIÈRE sera professeur de musique à Montmorency et maître de chapelle (c'est à dire chef de choeur) aux Sables-d'Olonne. On peut penser que ce piano qu'elle apporte en dot aura une utilité et que la musique occupait une part importante dans la famille.
J'allais clore la lecture de l'acte, lorsqu'un le seul témoin présent (avec les parents de la mariée) a attiré ma curiosité.
(source : Archives nationales - MC/ET/XIX/1193) |
Est présente à ce contrat Madame Anne ROUSSEAU, veuve de Monsieur Pierre Félix DELARUE. Vous vous souvenez, sur l'arbre en haut de l'article, de Marie ROUSSEAU, femme de Simon BRANCHU. Ma curiosité a été éveillée : et si Anne ROUSSEAU était de ma famille ? Et donc de la famille de Marie Renée TESTU ? Cela expliquerait en partie ce généreux legs universel à son futur époux. Quelques clics sur Geneanet et aux archives de Paris m'ont appris qu'Anne ROUSSEAU est en effet la soeur de mon ancêtre Marie ROUSSEAU, et dont la grand-tante de Marie Renée TESTU.
Liens de parenté entre Marie Renée TESTU et Anne ROUSSEAU (source : Heredis 2014) |
En allant vérifier son acte de mariage avec Pierre Félix DELARUE, j'ai bien eu la confirmation de mes doutes.
(source : Archives de Paris - V4E 1006 - p. 16) |
"Acte de Mariage de : Pierre, Félix, Delarue, architecteChevalier de la légion d'honneur, âgé de soixante neuf ans, né à Thiais [...]le Vingt-quatre Nivose, An trois, (treize Janvier Mil sept cen quatre vingt-[...]demeurant à Paris, rue de Milan N°17, majeur, Fils de : Pierre, Delarue et de Marie, Elisabeth, Piot, son épouse, tous deux décédés. Le futur veuf de Marie, Louise, Ermance, Patinot, décédée au Mans (Sarthe) le premier Nove[mbre]Mil huit cent soixante-troiset de Anne Rousseau, rentière, âgée de quarante-qua[tre]ans, née à Souligné sous Vallon, arrondissement du Mans (Sarthe) le Vingt-six Décembre Mil huit cent vingt, demeurant à Paris, rue de MilanN 17, majeure, Fille de : Pierre, Rousseau et de Jacquine, Nouvellière, son épouse, tous deux décédés"Pour m'ôter tout doute (bien que le lieu de naissance, la période, et le nom des parents correspondent à mes ancêtres), les deux témoins du côté de la mariée sont Louis ROUSSEAU, entrepreneur en menuiserie au Mans et Auguste ROUSSEAU, restaurateur au Mans, ses frères, dont les noms, l'âge et la signature sont exactement identiques aux frères de Marie ROUSSEAU mon ancêtre. Maintenant que j'en savais plus sur les liens entre Pierre Félix DELARUE et son héritier, j'ai voulu me renseigner sur ce personnage. Et là, festival de surprises.
Tout d'abord, ce monsieur possède une page Wikipedia. J'y ai appris (ainsi que sur de nombreux sites qui lui sont consacrés) que c'est lui qui a bâti en 1842 l'ancien théâtre du Mans.
Pierre-Félix DELARUE, Photographie du foyer du théâtre municipal du Mans en 1842, 1842 (source : domaine public, via Wikimedia Commons) |
Pierre-Félix DELARUE a également été restaurateur et conservateur de monuments historiques. Il est en charge de la restauration de la Cathédrale du Mans et de celle de Sées, ainsi que de la façade Nord du château du Lude. Il bâtit le château du Luart (il est spécialiste des châteaux de style renaissance), les églises de Mayet et d'Ecommoy (où ont vécu mes ancêtres) et reconstruit le Musée de Tessé après la guerre de 1870. Tous ces monuments me sont biens connus car j'ai grandi dans la Sarthe. D'une certaine manière, cette découverte (que je n'aurais jamais pu faire sans la lecture de ce contrat de mariage d'une cousine) me rattache un peu plus à ma ville natale et me connecte à ses lieux.