mardi 29 janvier 2013

Marie Peltier savait signer


Les généalogistes ayant reconstitué des fratries le savent : parfois, un ancêtre sait signer de manière aléatoire. Avait-il déclaré ne savoir signer par fainéantise ou l'officier d'état civil avait-il oublié de le lui demander et présumé qu'il ne le savait pas ? Nous ne le saurons jamais. Toujours est-il que je me suis amusé à retrouver les fameux neuf enfants que Jean Baptiste Benoist mentionnait dans sa demande de pension suite à sa participation à l'armée contre-révolutionnaire. Ces enfants, il les eut avec Marie Peltier, fille de Guillaume Peltier, fermier de Précigné, à la frontière de la Sarthe et du Maine-et-Loire, et de Marie Anne Jaquine Blandeau.

Marie Peltier fut donc la courageuse mère de Jean Baptiste, Pierre, Joseph Jacques, François Maurice, Alexis, Alexis René, Léon, Louis et Théodore. En regardant son acte de mariage de plus près, j'ai vu qu'elle était dite veuve de Jean Têtu.

(source : Archives Départementales du Maine-et-Loire - 1793-an VIII Départementale p. 212)
"... dautre part Maris Peltiers veuve de jean tétu agée de vingt deux domicillers dans cette ditte commune au Lieu de Corde fille de guillaume peltiers et de Maris Blandeau set perre et maire domicillers dans La Commune de presigne departeman de La Sartre ..."
Veuve à 22 ans, elle n'avait pas dû se marier bien tard. Je possédais de ce Jean Têtu un acte de décès à Daumeray (lieu du second mariage de Marie Peltier avec Jean Baptiste Benoist) mais il n'y avait pas d'acte de mariage Têtu-Peltier dans cette ville.

En revanche, les parents Peltier habitant Précigné au moment de ce second mariage et le père étant décédé dans ce même village, j'ai présumé que le premier mariage de Marie devait avoir eu lieu à Précigné. Traditionnellement, le mariage a lieu dans la commune de résidence de la mariée. Je n'ai pas eu à chercher bien longtemps : l'an IV, à Précigné, se marient Jean Têtu et Marie Peltier. En bas de cet acte, d'une écriture timide, j'ai vu ces quelques lettres :

(source : Archives Départementales de la Sarthe - 5Mi 261_13 p. 38)
Marie Peltier, dont je pensais qu'elle ne savait pas signer à cause de l'acte de mariage d'avec Jean Baptiste Benoist, savait donc écrire, contrairement à ses deux époux. Je suis toujours touché par les signatures de femmes que l'on rencontre plus particulièrement dans les actes de mariage puisqu'elles ne venaient pas déclarer la naissance de leurs enfants. Autrefois, peu de gens savaient écrire, et encore moins les femmes. J'imagine que les parents qui souhaitaient éduquer leurs filles et leur apprendre à lire et écrire devaient mieux les considérer que ceux qui les destinaient aux travaux des champs.

Dernier détail insolite concernant notre Marie Peltier. Elle se marie avec Jean Têtu le 29 nivôse an IV et celui-ci décède cinq mois plus tard, le 5 messidor an IV. Un détail assez étonnant est mentionné sur son acte de décès :

(source : Archives Départementales du Maine-et-Loire - 1793-An VIII Départementale p. 177)
"... m'ont declarès que jean tetu epoux de marie peltié son épouse est mort hier a neuf heures du soir dans son lit a Cordé dite commune de daumeray, agè de vingt six ans ..."
Trois choses m'interrogent :

  • il est mort très jeune (26 ans)
  • il est mort 5 mois après son mariage
  • il est mort "dans son lit"
A-t-il souffert d'une maladie quelconque ? Elle n'est pas mentionnée, mais il est dit qu'il est mort "dans son lit". Ou, version plus romanesque, aurait-t-il été assassiné par sa femme ? Ou bien son décès si proche de son mariage n'est qu'un hasard. Encore un mystère qui n'aura jamais de réponse ...

Pourquoi y a-t-il tant de René en Sarthe ?


En cherchant les enfants de mes ancêtres François Branchu et Renée Julienne Mulocheau, je me suis interrogé sur la prédominance du prénom René en Sarthe. J'ai déjà remarqué, dans les régions qui concernant ma généalogie que certains prénoms étaient plus populaires que d'autres en fonction de la zone géographique.

Mes racines se trouvent dans le Sud-Ouest (Dordogne, Haute-Vienne, Charente), le Centre (Cher, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire, Creuse, Vienne) et l'Ouest (Sarthe, Mayenne, Maine-et-Loire). Dans le Sud-Ouest, il est fréquent de trouver beaucoup d'Yrieix (prononcez Irié) dans ma famille, nom du saint limougeaud éponyme et de la ville de Saint-Yrieix-la-Perche, ou encore d'Elie. En revanche, cherchez bien, mais je n'ai jamais vu un seul Elie/Hélie dans l'Ouest, où se trouve une grande quantité de Julien (à cause sûrement de la cathédrale Saint-Julien du Mans) et de René.

(source : Archives Départementales de la Sarthe - 2 Mi EC 78_8-9 p.75)
Alors, certes, il existe un village nommé René en Sarthe, où vécurent d'ailleurs certains de mes ancêtres. Mais est-ce la seule explication à l'énorme popularité de ce prénom ? Prenons pour exemple les enfants de François Branchu et Renée (encore une) Julienne Mulocheau.

  • François (1793)
  • Pierre (an II)
  • Joseph René (an IV)
  • René (an V)
  • Louis (an VI)
  • Simon (an VII)
  • René (an IX)
  • Marin (an X)
  • Jean (an XII)
  • Joseph (an XIII)
  • André (1807)
  • Pierre (1807)
  • Renée (1809)
  • Charles (1813)
  • Alexis (1813)
Sur 16 enfants, nous avons 4 enfants nommés René, soit un quart de la famille ! Ce n'est certes qu'un exemple, mais même chez les témoins, amis, oncles, tantes, beaucoup de René ou Renée. Pourquoi ce prénom est-il si populaire dans l'Ouest et quasi inexistant dans le Sud-Ouest et le Centre ? Ma théorie, c'est cet homme : 
René d'Anjou peint par Nicolas Froment (source : Larousse)
Le Bon Roi René, arrière petit-fils de mon ancêtre le roi Jean II de France. Avec ce prénom particulier dans la famille royale, celui qui fut Duc d'Anjou avant de devenir Roi de Naples et de Jérusalem aurait marqué les esprit au point que trois siècles après lui, on nomme tant d'enfants René. C'est mon explication, le nom d'un grand seigneur local (sorte de star ou de people de son temps) qui aurait marqué une région.

Avez-vous des ancêtres dans la Sarthe ? Si oui, avez-vous remarqué la popularité du prénom René dans ce département ? Et avez-vous d'autres théories sur l'origine de cette popularité ?

jeudi 24 janvier 2013

Retrouver la mort d'Angélique Richetin


Il est amusant de constater que, dans ma quête des ancêtres, certains m'intéressent plus que d'autres. Alors que je peux n'avoir d'autres indications que leur nom sur un bout de papier (mis à part lorsque les archives m'offrent des pépites comme des faits militaires, des paiements de dîmes ou des contrats devant notaire) et que je ne sais donc rien d'eux, certains m'intéressent particulièrement.

La pauvre Angélique Richetin n'en faisait pas partie. C'est assez injuste. Elle était peut-être super sympa en vrai, mais pourtant, elle ne m'intéressait pas plus que ça. Le peu d'informations que j'avais à son sujet, c'est qu'elle était la fille de Pierre Macé Richetin et de Madeleine Catherine Villardry.

Angélique vivait à Romorantin, née peu après la Révolution, elle avait épousé à la fin de l'Empire, Jean Maurice Toussaint Souchay et avait donné naissance à Toussaint Silvain Souchay (mon sosa 86). Sur Geneanet, personne n'avait jamais trouvé son acte de décès et je m'étais moi-même imaginé que je ne le trouverai pas.

J'avoue que l'idée de farfouiller dans les registres sombres (ce sont des microfilms) et nombreux (c'est une grande ville) de Romorantin m'enthousiasmait moyennement. Et puis, ce matin, j'ai décidé que j'aimerai un peu Angélique Richetin qui n'avait rien fait pour mériter ce peu d'attention que d'avoir peu de gens sur Geneanet qui s'étaient intéressés à elle.

Voici les indices dont je disposais :

  • Son mari, sur son acte de décès, est dit "veuf en premières noces d'Angélique Richetin et époux en deuxième de Madelaine Valin".
  • Ayant épousé Marie Madeleine Vaslin le 5 novembre 1833 à Villeherviers (Loir-et-Cher), Angélique était décédée avant cette date.
J'ai donc procédé dans l'ordre en cherchant chacun de ses enfants. Étant née en 1793 et décédée avant 1833 (avant 39 ans, donc avant la ménopause), mes ancêtres ayant une fâcheuse habitude à avoir constamment des bébés, je savais que le moment où il n'y aurait plus de naissances marquerait une date possible de décès. Elle pouvait d'ailleurs être morte en couches, vu son jeune âge. Je suis donc parti de leur date de mariage en 1812 et j'ai trouvé : 
  • Toussaint Silvain en 1812 (mon ancêtre, dont elle était enceinte de 4 mois au moment du mariage)
  • Jean Baptiste en 1814
  • Angélique en 1815
  • Marie Anne en 1818
  • Joséphine Dauphine en 1821
  • Angélique Adélaïde en 1823
  • Jules Eugène en 1827
  • Armantine en 1831
Dans certains de ces actes, elle est parfois appelée Angélique Adélaïde (comme sa quatrième fille). Sa marraine se nommant Adélaïde, il peut s'agir de son nom d'usage, ou encore d'un nom de communion (on changeait fréquemment de prénom autrefois après sa communion) bien que son nom de baptême soit Angélique. Cette indication va être précieuse, comme nous allons le voir.

Grâce à la naissance d'Armantine, je savais qu'Angélique était forcément décédée entre 1831 et 1833 (le faisceau de recherches était considérablement réduit au cas où j'aurais dû chercher dans d'autres communes proches ou à Lanthenay, assimilée plus tard à Romorantin). Comme je l'ai dit plus haut, Romorantin compte en moyenne 200 à 300 actes de chaque catégorie pour chaque année. Je me suis donc aidé des listes alphabétiques en fin de chaque année pour aller plus vite. Et mon regard a été attiré sur la liste des décès de 1832 par une Adélaïde Antoinette Richetin. 

Clément Bècle, sur son blog, nous a parlé récemment d'un ancêtre à deux prénoms en fonction des actes. Ayant l'habitude des officiers d'état civil ou des témoins peu rigoureux, je suis tout de même allé voir cet acte, sachant qu'elle avait été appelée parfois Adélaïde. Voilà ce que l'on peut lire : 

(source : Archives Départementales du Loir-et-Cher - 5MI194/R37 p. 98)
"Lesquels nous ont déclaré que le vingt six du mois de Juin à trois heures du soir, adélaïde antoinette Richetin âgée de trente huit ans, profession de fileuse demeurant à Romorantin département de Loir et Cher, épouse de Jean Maurice toussaint Souchay, fille des défunts Pierre Richetin, et Catherine Villardry, est décédée en notre commune, en sa maison."
 Les informations dont je dispose qui me permettent d'affirmer qu'Adélaïde Antoinette est bien Angélique sont les suivantes :

  • J'ai déjà vu dans les actes de naissances de certaines de ses enfants qu'elle est appelée Adélaïde ou Angélique Adélaïde.
  • Le nom de ses parents correspond.
  • Les témoins sont Etienne Souchay, son beau-frère et André Delahaye, l'oncle de son mari donc les âges et les noms correspondent à ceux que j'ai déjà trouvé.
  • Son mari est cité avec tous ses prénoms et il n'y a qu'un seul Jean Maurice Toussaint Souchay à cette époque à Romorantin.
  • L'âge du décès correspond à un an près à l'année de naissance.
Alors bien sûr, quelqu'un qui va un peu vite, qui ne recherche pas les autres enfants (ou les membres de sa famille et belle-famille qui sont témoins de l'acte de décès et permettent de consolider les preuves) ne trouvera jamais dans les listes annuelles ou dans les tables décennales d'acte de décès au nom de "Angélique Richetin" et en déduira qu'il n'a jamais trouvé l'acte.

Je suis fier d'être encore une fois le premier sur Geneanet à trouver un acte que personne n'avait trouvé, à l'aide d'un peu de déduction et d'obstination. Tout ce chemin de recherche (qui ne m'aura pris qu'une heure ce matin et une autre ce soir) m'a permis d'apprécier cette pauvre Angélique injustement délaissée et de lui restituer son acte de décès injustement mal nommé.

Sont-ce son oncle et son beau-frère qui se sont trompés de nom (ce qui paraît plutôt étonnant) ou Philippe Léon Vallois, le maire, qui était un peu dur d'oreille ? Nous ne le saurons jamais...

mercredi 23 janvier 2013

Jean Tardy, mort en Espagne


Il suffit que je trouve un ancêtre étranger pour que je tombe sur l'acte de décès d'un membre de ma famille en Espagne. Nous sommes en 1814, l'acte date de 1810, il a mis quatre ans à passer de l'Espagne où Napoléon fait la guerre, à Langon dans le Loir-et-Cher ! Jean Tardy est le fils de François Tardy, tisserand en toile, et de Jeanne Ardouin. C'est le frère de Véronique Tardy, mon ancêtre. Comme beaucoup de Français, il a dû avoir peu de chance au tirage au sort et s'est retrouvé dans la Grande Armée.

(source : Archives Départementales du Loir-et-Cher - 5MI110/R2 p. 406)

Extrait mortuaire
Commune de Palencia
hopital de Sanbarnabé
Du Régistre des decés du dit hopital a été extrait ce qui suit. Le sieur Tardy jean fusilier a la deuxieme compagnie du troisieme bataillon du vingt-huitième Regiment de ligne Natif de Langon au Départément de Loir et Cher agé de vingt deux ans est entré audit hopital le Douze Du mois D'avril L'an Mil huit cent Dix et y est decédé Le vingt un du même mois D'avril Mil huit cent Dix par suite De fievres.
je soussigné, Directeur dudit hopital, certifie le present extrait veritable et conforme au Régistre Des Décés Du Dit hopital.
fait a Palencia le huit Decembre L'an mil huit cent onze.
Fratio
Nous commissaire des guerres chargé de la police de l'hopital de Palencia certifions que la signature cy Dessus est celle de M. fatio Directeur, et que foi doit y être ajoutée.
fait à palencia le Neuf Du mois de Decembre Lan Mil huit cent onze
Bernoy
 Voici donc le drapeau du 3e bataillon du 28e régiment d'infanterie de ligne sous lequel Jean Tardy combattit en Espagne.
(source : Vexillologie militaire européenne par Arnaud Bunel)
Palencia se situe en Castille et Léon au beau milieu de l'Espagne. Autant dire que Jean Tardy a effectué une sacrée route, probablement à pied la plupart du temps, pour ce rendre jusque là.
(source : Google Maps)
L'hôpital de San Bernabé a été fondé au XIIème siècle par le conseil municipal de Palencia pour aider les personnes les plus démunies de l'Eglise. Il servait probablement d'hôpital militaire pendant l'invasion napoléonienne.
(source : Ratpenat sur Panoramio)
Voici donc le dernier bâtiment qu'aura vu Jean Tardy avant de succomber à la fièvre. Lorsque nous sommes enfants, à l'école, nous apprenons l'Histoire de France. On apprends les rois, les empereurs, les guerres, en oubliant parfois que ce sont des anonymes comme ce fils de tisserand du Loir-et-Cher, qui ont contribué à ces victoires et à ces défaites en donnant leur vie, loin de chez eux, pour des guerres dont ils ne devaient pas comprendre les enjeux. Dans chaque famille, qu'elle que soit la région, la petite histoire rejoint la grande Histoire.

Jean Baptiste Benoist, fusilier de l'Armée Royale de l'Ouest


Il y a peu de temps, je racontais ma rencontre d'une cousine Benoit dans la Sarthe. Mes ancêtres Benoist viennent de Maine-et-Loire, aussi, lorsque j'ai vu sur le fil Twitter de la Revue Française de Généalogie qu'une nouvelle rubrique se trouvait aux Archives Départementales du Maine-et-Loire concernant les armées royalistes, je n'ai pas pu résister à l'envie d'aller vérifier si mes ancêtres Benoist en avaient fait partie.

En deux clics, je tombe sur le dossier d'un Jean Baptiste Benoist et je croise les doigts pour qu'il s'agisse bel et bien de mon ancêtre de la septième génération. Je tourne les pages une à une jusqu'à la copie de son acte de baptême. Il s'agit bien de "mon" Jean Baptiste Benoist, tisserand, huilier, cultivateur, et - nous allons le voir - bien d'autres choses encore.

(source : Archives Départementales du Maine-et-Loire - 1 M 9 / 47 - Benoist, Jean-Baptiste p.3)
Avec autant d'ancêtres dans l'Ouest de la France, je pouvais être sûr d'en avoir au moins un qui aurait combattu avec les chouans (ces hommes qui ont combattu dans l'ouest royaliste contre la Révolution). J'en ai au moins ici la preuve et j'avoue que parcourir le dossier a été assez émouvant. Il est rare d'avoir autant de renseignements sur un ancêtre aussi éloigné.

Pour fixer le décor, Jean Baptiste est le fils de Louis Benoist, sergent, huissier aux baronnies de Saint-Germain, et de Louise Jactiau. Il fait partie de ces familles dont les membres travaillaient dans la justice royale et qui se sont retrouvés sans emploi après la Révolution, cause de leur chute sociale.

Voici la transcription de son dossier vendéen (avec l'orthographe d'époque) où l'on trouve une lettre que Jean Baptiste Benoist a sûrement fait écrire par un écrivain public, suivie d'une lettre de ses anciens capitaines, monsieur Basille et le vicomte de Beaumont. Enfin, un court témoignage du maire de Daumeray où il réside.

À Monsieur le prèfet du Dèpartement de maine et loire, chevalier de l'ordre Royal de la legion d'honneur.
Monsieur le prèfet.
À l'honneur de vous exposer Jean Batiste Benoit marchand forin demeurant à daumerai que des le commencement des malheurs qui peserent sur nôtre patrie il sçut se preserver de prendre parti parmis les revolutionnaires. au contraire il defendit constemment la cauze du throne et de l'auteil ; et enseigna à ces enfants les mêmes princips qu'il avoit toujours pratiqué ; et ce qui le prouve ces qu'en 1815 deux de ces enfants prire partie dans les armées Royalles qui combatoient pour le Retour de nôtre auguste monarque. aujourdhui avec peu de moyens d'existance, ayent une femme et neuf enfants. il vous adresse Sa Suplique à Laquelle il joint.
1° Son Certificat de Service
2° Son extrait de naissance
3° un certificat du maire de domeray, qui constate sa potion actuelle.
Veulliez monsieur le préfet prendre le tout en consideration vous obligerez.
vôtre três humbles serviteur
ne scait singe
Daumeray le 17 mai 1825
Nous soussigne ancien capitaine dan Larme Royalle De Loieste Sertifits que le sieur Jean benois a fait ses compagnie de mil sepet cent quatre vingt treize et quatorze dan la division de monsieur Gaulie coupagnie De Touranlours et Basille en calité de fusilie.
Le dit Benoist a deux fils qui ont fait la campagne 1815 don un des deux fut nome caporal dan la division de mr Berneau Legion De mr de Beaumon Bataillon de mr [...] compagnie de Basille
Sertifie le presnet sertifiequat veritable pour luis servir et valoir silialieu
Fait a La Cheminée Daumeray le neuf mai 1825
Basille ancien capitaine
Le Vte de Beaumont
ex chef de Légion en 1815

Je soussigné Maire de la Commune de Daumeray, arrondissement de Baugé, département de Maine et Loire, certifie que Benoist Jean Baptiste ne jouit d'aucune pension ni secours sur les fonds de l'état, que ses moyens d'existence consistent, dans sa petite profession de Mercier, et au petit revenu de propriété de cent francs, et enfin qu'il est dans le besoin.
fait à Daumeray le treize Mai mil huit cent vingt cinq.
Lamotheux mre
[...]
Certifié conforme au Registre, et delivré sur papier libre suivant l'article quatre de l'arrêté de Monsieur le Préfet de ce département en date du vingt trois Avril dernier, comme pièce a produire par un militaire qui a servi ans les armées Royales de l'ouest, par nous Maire de la Commune de Daumeray soussigné.
A la Mairie de Daumeray le treize Mai mil huit cent vingt cinq.
Je dois avouer que j'ignorais totalement que ce genre d'archives existait. Je dois saluer les Archives Départementales du Maine-et-Loire pour les diffuser sur internet. En tout cas, ça me donne envie d'aller un jour passer du temps en vrai dans les archives pour trouver toutes sortes d'autres papiers que les registres paroissiaux ou d'état civil. Ce sont ces petits détails en plus qui donnent un peu de concret aux noms de nos ancêtres.

Jean Baptiste Benoist combattit donc avec ses fils pour le retour du roi. Il faudra que je fouille le reste des archives pour voir s'il a finalement reçu sa pension.

mardi 22 janvier 2013

Un ancêtre étranger ?


L'une de mes motivations lorsque j'ai débuté ma généalogie a été de chercher la raison pour laquelle nous avons la peau mate du côté paternel de la famille. Quand je dis mat, je veux dire qu'enfant, on aurait presque pu me confondre avec un maghrébin.

Une des légendes familiales aurait voulu que nous ayons des ancêtres Espagnols. Je n'ai à ce jour trouvé aucun ancêtre proche d'origine espagnole. Nous venons tous désespérément de France depuis des siècles. J'ai néanmoins trouvé une famille Theillay, qui, lorsqu'on remonte un peu le temps, s'écrit Taillet et avant cela, Quillé.

Il s'agit donc d'une petite phrase dans l'acte de mariage de Claude Quillé (qui deviendra Claude Theillay) et Marguerite Robin (qui deviendra Marguerite Robeu) en 1775.

(source : Archives Départementales du Loir-et-Cher - Saint-Loup-sur-Cher - 4 E 222/49 p. 4)

"Lesquels nous ont expressement attesté que le dit quillé est issu de pere et mere inconnus, et de païs inconnu, qu'il est dans cette paroisse depuis dix ans, et qu'il en avoit au moins quatorze quand il est arrivé, et en outre ce que dessus sur le domicil, l'âge et la qualité des sus dittes parties ..."
Ce Claude Quillé est un ancêtre de ma grand-mère paternelle qui nous aurait légué cette peau mate. J'ai bien conscience que "païs inconnu" peut vouloir dire région, mais alors, on aurait parlé d'une paroisse avec éventuellement une dispense de diocèse. Ce qui est sûr, c'est que les deux époux ne sont pas de la région, et comme toujours alors, leurs noms de famille sont fortement modifiés. Marguerite Robin vient de l'Indre et il s'agit là de son troisième mariage. Elle deviendra Marguerite Robeu.

Quant à Claude Quillé, il semble ignorer lui même d'où il est originaire. D'après l'Armorial Général de France, j'ai pu constater qu'il y avait une forte communauté de marchands portugais au XVIIIème siècle dans le Centre de la France. Claude Quillé serait-il originaire du Portugal ? Est-il un enfant abandonné où a-t-il seulement oublié les noms de ses père et mère ?

Il a en tout cas été livré à lui même depuis l'âge de 14 ans. A priori, je ne pourrais jamais remonter au delà, mais cet ancêtre est l'une des pistes qui expliquerait notre peau mate. En effet, son nom est extrêmement modifié, depuis Quillé jusqu'à Theillay (sûrement inspiré de la commune éponyme du Loir-et-Cher). C'est une des raisons qui me porte à croire qu'il s'agit bel et bien d'un étranger.

Et vous, avez-vous des étrangers parmi vos ancêtres ?

La bonne chrétienne, amie de Bonherbe et Jamenot


J'ai la chance (d'un point de vue généalogique) d'avoir uniquement des ancêtres catholiques. Mis à part un Balthasar Raby dans le Berry qui me laisse plutôt penser à des origines juives ou protestantes et quelques familles protestantes durant la Renaissance dans le Périgord, nous sommes tous catholiques et dont, sur les registres paroissiaux.

J'ai ce soir retrouvé l'acte de décès de Claude Cabirol (que je n'avais jamais trouvé auparavant) en cherchant les enfants du premier mariage de son petit-fils, Jean Mazeau, dit Valade. Tout se passe à Saint-Pierre-de-Frugie où quasiment tout le monde porte un surnom à la fin du XVIIIème siècle, avantage certain pour éviter les erreurs d'homonymie. le plus étonnant, c'est que ces surnoms semblent héréditaires. Voici donc l'acte de décès de Claude Cabirol.
(Archives Départementales de la Dordogne, côte 5MI13105_002 p. 231)

Le vingt et cinq du dit mois et an que dessus, a été enterrée claude cabirol - agée d'environ 70 ans, veufve de feû jean Beaufils dit drillou, labr du village de vieillecour, décedée le jour precedant en Bonne chretienne ; ont eté presents a son enterrement, jacques Bardou dit Bonherbe, et jean marceau dit jamenot, lesquels n'ont sçu signer, de ce Enquis. Des Etangs curé
Jacques Bardou avait-il un bon pré pour mériter le surnom de Bonherbe ? Quel peut-être l'origine de "Drillou", surnom de mon ancêtre Jean Beaufils (et de son fils Pierre, les surnoms étant apparemment héréditaires dans ce coin de la France) ? En tout cas, j'ai trouvé plusieurs informations grâce à cet acte :

  • Jean Beaufils est décédé avant le 25 février 1792.
  • Il est laboureur.
  • Claude Cabirol est née vers 1722.
  • Elle a probablement reçu la communion et l'extrême onction avant de mourir, ce qui lui vaut le qualificatif de "bonne chrétienne"