Jacques Nicolas MARAIS
|
Jacques MARAIS
|
Jacques Aimé MARAIS
|
Jeanne Marie Augustine Renée MARAIS
|
Le grand-père de mon beau-frère
|
Le père de mon beau-frère
|
Mon beau-frère
|
Ma nièce
Il y a un réflexe à avoir lorsqu'on a de la famille dans l'Ouest : vérifier les dossiers vendéens. En effet, Sarthe, Mayenne, Maine-et-Loire et Vendée sont des terres royalistes où les chouans ont combattus dans l'Armée Royale de l'Ouest contre la Révolution.
Jacques Nicolas MARAIS est serger, propriétaire et adjoint au maire de La Jumellière (Maine-et-Loire). Il se marie en 1788 avec Mathurine PAPIN, fille d'un métayer. Je ne leur ai pas trouvé beaucoup d'enfants, mais ce sont des temps troublés dans la région. Une théorie que j'ai eu pour expliquer le petit nombre d'enfants (trois seulement) et leur espacement, était que Jacques Nicolas était parti combattre avec les chouans. Elle s'est avérée juste. Et un magnifique dossier de treize pages accessible en ligne sur les Archives départementales du Maine-et-Loire nous en apprend beaucoup.
Tout d'abord, une lettre au préfet du Maine-et-Loire pour exposer son cas qui nous dresse une parfaite histoire détaillée de sa vie durant les épisodes terribles de la Révolution.
|
(source : Archives départementales du Maine-et-Loire - 1 M 9 / 252 - pp. 1-3) |
"A Monsieur
Le Prefet du departement
de Maine et Loire
Monsieur
A L'honeur de vous exposer
Le nomme Jacques Marais que Jusqu'à present lorsque sa
Majesté a daigné répendre ses
Bienfaits sur ses fideles serviteur
ou leur a demandé ou un certificat
d'indigenge ou au moins de grandes
charges de fammille à prouver
qu'il avait cru devoir s'abstenir
d'exposer ses titres qui des le
Premier travail lui firent decerner
un brevet d'honneur
Il se croit fondé aujourd'hui
a Recliamer une pension
1er Vu une Blessure très grave reçu
A chalonnes en la campagne qu'il
a fait dans toutes son étendue
outre loire
2° Vu les pertes qu'il a faites
par les fournitures faites à l'amée
qui Consistent
En neuf cent Soixante Six
francs de bons du général Stoflet
qu'il soumettra a Mrs les menbres
de la Commission S'il est nécessaire
les ayant conservee
3° quinze mille francs valeur en Mdisse
et maisons qui lui furent incendiees
qu'il a perdu durant la Revolution
4° Sur ce qu'ayant exercé les fonctions
Municipales presque depuis la
Pacification ; il n'a Jamais dévié
des principes du Pays : s'est dévoué
tout entier et dans des tens de fuite
au maintien de l'ordre tout en conservant
cest mêmes principes ce qui lui a valu
d'exercer ces mêmes fonctions sous le
Gouvernement Légitime qu'ayant été
destitué à l'épocte des cent jours
il repris ses fonctions Sitot que la
Vendée eut relevé la banière Royale
Comme il avait fait en 99 Joignit
Ses efforts a la Cause commune et
dirigea tout ceux que fit la
Commune de la Jumellière pour
Seconder son Maire àlors employé
à l'armée, ont Sait que ces éfforts furent
Considérables en hommes et en
Munitions de Bouches
D'Après une Conduite Si
Soutenue et il ose le dire si
honnorable Le Reclamant espère
que Mrs les menbres de la
Commission le voudront bien
Considérer comme Suceptible
d'obtenir une Pension
jacques
marais"
L'orthographe est assez approximative, mais on voit que Jacques Nicolas MARAIS (je suis sûr qu'il s'agit bien du bon car une transcription de son acte de baptême se trouve dans le dossier) a beaucoup perdu durant la Révolution où sa maison et ses biens ont été incendiés.
Suivent quelques documents de
Frédéric Joseph de CAQUERAY, maire de La Jumellière, exposant l'honorabilité de Jacques Nicolas MARAIS ainsi que la véracité des bons de la somme de 750 livres donnée au général Stofflet non pour en demander remboursement, mais pour prouver son dévouement à la cause royale.
|
Thomas DRAKE, Jean-Nicolas Stofflet (1753-1796) général vendéen (source : domaine public, via Wikimedia Commons) |
S'ensuit un certificat médical traitant de ses blessures de guerres.
|
(source : Archives départementales du Maine-et-Loire - 1 M 9 / 252 - p. 6) |
"Je Soussigné Chirurgien exerçant à la
Jumellière 4e arrondissement du département de
maine Et Loire, Certifie que Monsieur
Marais (Jacques) agé de 61 ans ou environ
fabriquant Demeurant Commune de la Jumellière
porte à la partie moyenne interne antérieure
de la cuisse droite une cicatrice de forme a peu près
Ronde Renfermée et adhérente à la pouivrose fascialatre
une autre Cicatrice de même forme et semblable
de tout à la précédente à la partie postérieure
et moyenne de la même Cuisse, qui m'a parru être
comme il me l'a dit le suites d'une Blessure faite
par une Balle qui aurait travresé la cuisse dans
cet endroit, et eut laissé beaucoup de Roideur dans
cette partie. Telle est la pure verité en faveur de laquelle
J'ai Signé à la Jumellière le 26 mai 1825"
Puis, un mot fort sympathique de ses anciens officiers supérieurs.
|
(source : Archives départementales du Maine-et-Loire - 1 M 9 / 252 - p. 7) |
"Nous offers Vendéens Soussignés
certifions que Mr. Jacques Marais adjoint
de La Jumelliere n'a exposé que la
Verité dans Son Etat de services et que soit
comme Militaire soit comme Magistrat il
S'est toujours comporté en Brave et fidéle
Vendéen et que Les blessures qu'il porte en sont
La preuve"
Enfin, en 1814, Jacques Nicolas MARAIS reçoit de la part du Duc d'Angoulême la Décoration du Lys.
|
François Joseph KINSON, Louis-Antoine d'Artois, duc d'Angoulème (1775-1844), Grand-Amiral de France (source : domaine public, via Wikimedia Commons) |
La Décoration du Lys était accordée aux hommes ayant été fidèles au Roi et ayant soutenue la cause royale pendant la Révolution. Lorsqu'ils recevaient cette décoration, les destinataires prononçaient cette phrase :
« Je jure fidélité à Dieu et au Roi pour toujours ». Le magnifique diplôme de décoration de Jacques Nicolas MARAIS est numérisé dans son dossier.
|
(source : Archives départementales du Maine-et-Loire - 1 M 9 / 252 - p. 11) |
"TITRE POUR PORTER LA DÉCORATION DU LIS.
Au Nom du Roi.
D'après les Ordres de Son AlteSse Royale Monseigneur le Duc d'Angoulême,
Grand-Amiral de France, avons autorisé et autorisons par cette présente Monsieur
Marais, Adjoint au Maire de la Jumellière, à porter la Décoration du Lis,
en témoignage de son amour et de sa fidélité envers la personne sacrée du Roi.
Donné à Angers ; le 15 8bre de l'an de grâce 1814.
Par ordre de Son Altesse Royale,
Le Préfet de Maine et Loire"
Enfin, un dossier relatant ses états de service où il
"Demande que S. M. daigne Lui accorder Les recompenses dont il sera jugé Susceptible, et s'il est Possible soit en cet instant soit dans un temps Plus favorable de Prendre Ses pertes et Les fournitures qu'il a faites aux armées de S. M. en considération". On y apprend qu'il fut
"Soldat commissaire aux vivres" de 1792 à 1798, qu'il a
"passé La Loire et a été à toutes Les affaires jusqu'à Savenay inclusivement - répassa la Loire quatre Mois après ayant eu Le Bonheur de se cacher pendant ce temps Si périlleux" et qu'
"il S'est trouvé au comBat de Chalonnes et à dautres". Que pendant la République, il
"avoit refusé La place de Maire et donné sa demission aprés Le 20 mars reprit ses fonctions et seconda Le parti de tous ses envoyeur avant et après Le 6 de Mai". Enfin, il est précisé que
"ses pertes ont ete Grandes Sa maison Brulée Pendant La guerre avec Beaucoup de Marchandises, enfin Perdit tout ce qu'il Possédoit. (il est fabricant ensuite il fournit pour La Compagnie Des Chasseurs, de Chemillé (armée de Stofflet) pour 960 lt d'étoffes. il en a en été payé en Bons imprimés du Gal Stofflet.".
Ces renseignements sont incroyables et nous plongent complètement au milieu de la Révolution et des vies bouleversées par cet événement (particulièrement dans l'Ouest de la France). En tout cas, j'ai ainsi découvert l'existence de la Décoration du Lys.