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vendredi 12 avril 2013

Vivre à Châteauneuf depuis 832 ans


Ma famille maternelle est originaire de Châteauneuf-sur-Cher, et y est implanté depuis extrêmement longtemps, comme nous allons le voir. L'acte le plus ancien concernant un de nos ancêtres ayant vécu à Châteauneuf est une charte de l'Abbaye de Noirlac de 1181.

(Abbaye de Noirlac, source : Goldmund100, licence CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)
La personne ayant ratifié cette charte se nomme Renoul de Culant, seigneur d'Issoudun et de Châteauneuf-sur-Cher en partie et baron de Culant. Son fils, Hélie, obtiendra du Roi Philippe Auguste en échange de la seigneurie d'Issoudun le tiers manquant de la seigneurie de Châteauneuf et sera donc baron de Culant, de Châteauneuf-sur-Cher et de Saint-Désiré.

Les armes des Culant se blasonnent ainsi : d'azur, semé de molettes d'or, au lion de même brochant.

(source : dessin personnel, licence CC BY-SA 3.0)
Les couleurs (or et azur) sont celles de nombreuses familles de France puisque ce sont celles des armes de la famille royale. Les molettes symbolisent des éperons de cavalier. Le lion est un attribut fréquemment porté par les familles nobles.

Pendant 832 ans, notre famille a donc vécu à Châteauneuf-sur-Cher, voici la descendance depuis Renoul de Culant jusqu'à mon arrière-grand-père :


  • Renoul de Culant
  • Béatrix de Culant
  • Pierre de Bastard de Sainte-Solange
  • Guillaume de Bastard
  • Jehan de Bastard de Sainte-Solange
  • Macé de Bastard
  • Jacques de Bastard
  • Guillaume de Bastard
  • N. de Bastard
  • Jeanne de la Loë
  • Pierre Godard
  • Françoise Godard
  • Pierre Jaupitre
  • Etienne Jaupitre
  • Pierre Jaupitre
  • Pierre Jaupitre
  • François Jaupitre
  • Pierre Jaupitre
  • Catherine Jaupitre
  • Hélène Buret
  • Anne Prigat
  • Jeanne Virginie Douard
  • Victorinne Robert
  • Virginie Monory
  • Pierre Marie Joseph Frémeau

lundi 25 mars 2013

Que s'est-il passé le 20 mars ?


Le 20 mars 2013, un couple d'amis pianistes a donné naissance à une petite fille nommée Cyrielle Mihaela dont ils m'ont fait l'honneur d'être le futur parrain. J'ai cherché si dans nos ancêtres se trouvaient des Cyrille, mais il n'y en a pas. Nous avons néanmoins quelques Michelle par endroits.

J'ai plutôt décidé, pour rendre hommage à ce bébé nouveau né qui lira peut-être ce billet une fois grand, de parler brièvement de onze ancêtres (marqués d'une *) et membres de ma famille qui sont nés ou décédés le 20 mars à travers l'histoire (aucun mariage jamais ce jour là dans notre famille) et que j'ai trouvé à ce jour. Ils traduisent la grande diversité de milieux sociaux de nos ancêtres et du coup la grande richesse de notre arbre généalogique. Cyrielle n'est certes pas un membre de ma famille, mais étant ma filleule, nous avons un lien particulier désormais.

1869 - Clément Debanne

Clément appartient à cette grande fratrie des Debanne, installés à Issoudun, dans laquelle se trouve mon arrière-grand-père.

(source : Archives départementales de l'Indre - 3E 088/359-361)
Son père, Henri Clément Debanne est journalier, vigneron, puis "camionneur" à une époque ou le camion n'existe pas, bien entendu, ce qui signifie qu'il transporte des marchandises, ce qui l'emmènera jusqu'en Dordogne où l'une de ses filles est née. Sa mère, Louise Chuat est fille d'un vigneron.

Le petit Clément décède à l'âge de 16 mois.

An VIII - Hélène Bernard

Hélène appartient à la fratrie de 12 enfants qu'ont eu ensemble Alexis Bernard, tisserand, et Madeleine Gaillard, habitant à Châteauneuf-sur-Cher.

(source : Archives départementales du Cher - 3E 475 - p. 23)
A l'époque de la naissance d'Hélène (peu après la Révolution), le 20 mars 1800 se situe le 30 ventôse an VIII. Je ne connais pas encore sa destinée, mais elle fait partie de ces nombreuses Hélène de ma famille à Châteauneuf, prénom assez rare pour l'époque mais que je rencontre à nombreuses reprises parmi mes ancêtres.


An VII - François Tardy *

François Tardy est tisserand ou tixier en toile à Langon dans le Loir-et-Cher. C'est un autre 30 ventôse qu'il décède, à l'âge de 58 ans environ.

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 5MI110/R1- p. 637)
 Il avait épousé Jeanne Ardouin avec laquelle il a de nombreux enfants, dont mon ancêtre Véronique Tardy.

1781 - Bernard Montastier

Nous continuons notre remontée dans le temps avec Bernard Montastier, fils d'Aubin Montastier et Marie Baffet, couple de cultivateurs de la Dordogne. Bernard a été baptisé à la naissance le 20 mars 1781 dans le village de Chaleix.

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI12604_001- p. 714)
Je ne sais pas grand chose de ce Bernard si ce n'est que son arrière-grand-père portait l'original prénom de Gelibert (dont les enfants s'appelaient Marsalle ou Christofle). La joie des prénoms étranges du sud ouest !

1740 - Marguerite Debanne

Encore une Debanne, et encore une mort précoce pour Marguerite, fille de Pierre Debanne, qui fut successivement voiturier, roulier, vigneron et journalier et de Marie Pasquet.

(source : Archives départementales de l'Indre - 3 E 088/007-8 - p. 47)
La petite Marguerite était née le 27 février et décède le 20 mars. La vie était rude à l'époque et l'hiver dur à traverser pour un petit bébé.

1724 - Jacques de Couhé *

Nous passons maintenant en Charente avec Jacques III de Couhé, écuyer, seigneur de la Mothe-Chabernaud et de la Garde, un de nos ancêtres.

(source : dessin personnel, licence CC BY-SA 3.0)
Jacques est le fils d'un autre Jacques qui ne semblait pas posséder la seigneurie de la Garde, et de Léonarde de la Quintinie. La branche de la Motte de la famille de Couhé avait changé les couleurs de ses armes d'or et azur à argent et sable. Jacques III est décédé le 20 mars 1724.

1699 - Anne de Bastard

Anne appartient à la branche dite de Lafitte de la famille de Bastard, dont nous descendons de la branche principale. Son père, Léonard de Bastard, était capitoul de Toulouse, écuyer, co-seigneur de Lafitte-Vigordane et seigneur de Mirail.

(source : Généalogie de la Maison de Bastard, par Jean de Bastard comte d'Estang - p. XLVIII)
Sa mère, Perrette d'André, était la fille d'un autre capitoul de Toulouse. Elle décède à 48 ans et est enterrée, comme tous les notables de l'époque, dans l'église de Lafitte-Vigordane.

1695 - Jean Rouy

Forcément, je devais avoir un sarthois dans ma liste ! Voici donc Jean Rouy, fils de Marin Rouy, marchand de Coulans-sur-Gée, et de Marie Paris.

(source : Archives départementales de la Sarthe - 1 MI 1165 R2 - p. 214)
Les Rouy sont une famille de notables du village puisque le père de Jean, Marin, sera enterré dans l'église de Coulans-sur-Gée en 1716. Son oncle et parrain, un autre Jean Rouy, est prêtre chapelain, c'est à dire qu'il est attaché à l'église privée d'un château ou d'une maison noble.

1695 - Marie Paris *

Et justement, voici Marie Paris, la mère de notre petit Jean Rouy.

(source : Archives départementales de la Sarthe - 1 MI 1165 R2 - p. 214)
Marie est probablement morte en couches, puisqu'elle décède le jour de la naissance (tardive, elle a 42 ans !) de son fils. Elle est enterrée, comme le sera son mari, dans l'église de Coulans-sur-Gée.

1515 - François de Pompadour

1515 : Marignan ? Pas uniquement. Un cousin, François de Pompadour, qui sera abbé d'Uzerche (en Corrèze), est né le 20 mars 1515.


(source : dessin personnel, licence CC BY-SA 3.0)


François est le fils d'un autre François, seigneur de Pompadour, baron de Treignac et vicomte de Comborn et d'Anne de la Rochefoucauld.

1461 - Alain de Rohan *

Et pour finir avec panache et avec une famille bretonne élevée au rang de famille princière, Alain IX de Rohan, décédé le 20 mars 1461 à l'âge de 79 ans.

(source : dessin personnel, licence CC BY-SA 3.0)
En plus d'être lieutenant-général en Bretagne, Alain est seigneur de Noyon-sur-Andelle, du Pont-Saint-Pierre, de Radepont, de Beauvoir et de la Garnache, baron du Pont-Château, vicomte de Rohan et de Léon et comte de Porhoët. Par son mariage avec la petite-fille du duc de Bretagne, Marguerite de Montfort (également fille de Jeanne de Navarre, reine d'Angleterre), il donnera Catherine de Rohan, mariée dans la maison d'Albret.

La femme de Alain, notre ancêtre Marguerite de Rohan, a pour arrière-grand-mère Eliška Přemislovna, reine de Bohême et femme de Jean l'Aveugle de Luxembourg. Quand on sait que la petite Cyrielle Mihaella a du sang tzigane, on se dit qu'il n'y a pas de hasard, même dans une parenté "spirituelle"...

mardi 12 mars 2013

La vertueuse Damoiselle de la Salle


Toujours en exploration de la famille de Bastard, j'ai trouvé l'acte de décès d'une mienne cousine : Louise de Bastard, dite Mademoiselle de la Salle, fille de Claude de Bastard, chevalier, seigneur de Fontenay-sur-Vègre, de Dobert, de la Chauvinerie, de Courgain, de Beaumont, de la Sicardière, de la Picorière, du Grand-Breil, de la Roche-Couasnon et de Ruillé et de Renée de Couasnon, inhumée en 1712 à Fontenay-sur-Vègre. Voici une mention insolite sur l'acte :

(source : Archives départementales de la Sarthe - 1MI 1149 R1 - p. 163)
"Le vingt trois novembre est Decedée noble fille Louise De bastard ditte Dam.lle De La Salle plus élevée par sa vertu que par son sang, âgée de 45. ans ou environ son corps a ête Le Lendemain inhumé Dans Leglise au côte gauche du Coeur pres La muraille ..."
Etonnante mention n'est-ce pas ? Louise, restée célibataire, faisait-elle de bonnes oeuvres dans le village ?

Une mémoire à Fontenay-sur-Vègre


Tandis que je continue l'exploration de la branche sarthoise des Bastard, je suis tombé sur une véritable pépite sur la première page des registres les plus anciens (1570) de Fontenay-sur-Vègre (Sarthe). Un texte appelant à la mémoire de différentes personnes puis un autre listant les personnes enterrées dans l'église. Le tout est précédé d'une magnifique représentation à la plume des armes de mes ancêtres (à gauche) et de celles de la branche de Fontenay (du Maine) à droite avec le lambel comme brisure.

(source : Archives départementales de la Sarthe - 1MI 1149 R1- p.1)
En voici la transcription au cas où des latinistes, historiens et/ou généalogistes seraient intéressés :

+
D.O.M.
As Memoriam Veterum et honorandorum Curionum
Antique Curiae Fontenay-ad Vegram, in Cenomanenti Campania
qui rem divinam functi sunt,
Et un spem ultimi Judioci, in hâc Ecclesiâ Dormiunt.
Dominus Franciscus Hamoncuris. - Minere suc fungebatur antê annum 1570.
Vicé Parochi Petrus Maupoux. N.... Defay. Anteâ Ecclesiae Monumenta desunte.
D. Stephanus Gaultier. C.M.S. Fung. ant. an. 1594.
V.P. ... N.. Daurol.
hic etiam des. Eccles. Monum.
Renatus Coysnon. - C.M.S. Fung. ant. an. 1654. - Sepultus in hac Eccl. - 12 Dbre 1664.
Rom div. in hac Eccl. ann. 1664-7-9, functi sunt, cur, fontaen. veniâ, Discretus et
Nob. D. Jacobus de Bastard de la Paragère, Asinarius Curio, - Et anno 1673.
Nob. D. Ludovicus de Bastard de Dobert, sacerdos.
D. Philibert Fripier. - C. - M. S. Fung. 1664. ...... - Sepul. in hac Eccl. 7. sep. 1687.
.... V.P. Philibert Gaultier. . N.... DroysneauD. Jean. Bap. Poisson. - C.M.S. Fung. 1689.
D. Urbanus Brissard. - C.M.S. Fung. 1690. ..... - Sep. in hac Eccl. - 24 Db. 1712.
V.P. Joannes Jouallet. - Florentus le Roy.
Rem div. in hac Eccl. an. 1697-99, functus est. cur. fontan. veniâ.
Nob. D. Jacobus de Bastard de la Paragère, Dom. Dela Rouillonière, Castelli Coudreuse Capellanus, Sti Marci Oustilliarii Eccl. Curis.
D. Jnes. Carolus Ignard. - C. - M.S. Fung. - 1713. - ..... - sep. in Eccl. Mamerciâ - 11 août 1719.
V.P. Petrus Taillay. - N... Gandon.
D. Petrus Bourgeot. C. - M.S. Fung. - 1719. -
V.P. N. Taillay. - N.. Després.
Rem divân hac Eccl. an. 1755. functus est, cur. fontan. veniâ ; ..
Nob. D. Renatus Ma. Claude de Bastard-fontenay, [...] et decretate a Sorboniae Decanno et officialis Capituli Sancti Petri Canomani.
D. Carolus Peltier. - C. - M.S. - Fung. - 1737 - ..... - Sep. in hac Eccl. - 23. mai 1765.
V.P. N.. Taillay. - N. Tuillier.
D. N. .... de Mouessard. - C. - M.S. Fung. - 1766.
D. N. .... Drouet. - C. - M.S. Fung. 1790.
V.P. N. de Mouessard.
Requiescant in Pace.
+
D.O.M.
Ad Mamoriam Dominorum
qui in Antiquo Castello Fontenay. ad vegram, in Cenomanensi Campaniâ,
vixerunt, vitam benefaciendo transicrunt.
Et in spem Ulimi Judicü in hâc ecclesiâ Dormiunt.
Nobilis Urbanus de Bastard miles, dominus de Fontenay, Dobert, la Salle, Voisins, Rhimer. - Obitus ..
in castello Dobert aestate 44. - Sepultus. - 5 Jan. 1620. - Nuptus fuerat in hâc. Eccl. :
22. oct. 1596. - Anteâ Ecclesia Monumenta Defunte.
N. Ludovicus de Bastard miles, Dom de fontenay. - sepul. in hac. Eccl. 13 Nbre. 1659.
N. Claudius de Bastard miles, Dom. de fontenay, Dobert, Ruillé, la Roche-Couasnon Xa. Obitus.
in cast. la Roche-Couasnon. - seupl. in sanctuario Eccl. - 12 Dbr 1709.
N. et Casta Virgo Ludovica de Bastard dom. de la Salle, honoranda magis intutibus quâm sanguine.
- Sepul. in sanct. Eccl. ad parictem Sinistram, cast. 45. - 23 nbre. 1712.
N. Magdalena de Bastard Uxor Gr. de hauterive D. de Chenevières. - sep. in hâc Eccl. aest. 37. - 28 Db. 1712.
N. magnus et potens vir Dominus Urbanus-Claudius de Bastard miles iorguatur, marchio de fontenay, dom. Dobert, Ruillé Xa. -
Ordinis sancto Ludovico dicati eques, regis novium Praefectus, suâ virtute Clarus. -
Obitus in castello fontenay. - Sepul. in sanct. Eccl. aest. 68. - 25 [...] 1735.
N. Renatus de Bastard de Voisins, mil.tar, Dom. de Villeclair, ...... Dimacharum-fontenay Ductor. -
ord. Ste. Luc. dic. eques. - Conjue Annae Neveu Dom. de Chenevières. - Sepul. in hâc Eccl. - aest. 63. - 31 D.b - 1734.
N. et Cas. Virgo. Francisca de Bastard de Fontenay. - sepul. in sanct. Eccl. - astes 70. - 12 Mar 1736.
N. et Cas. Virgo Veneranda Felicia de Bastard dom. de Rimer. - obita in cast. fontenay. - Sepul. in sanct. Eccl. aest. 85. - 21 mai. 1754.
N. et Vener. Dom. Judith Langlois du Bourgay, dom. patrona du Bourgay (vidua nob. mag. et pot. viri Dyonisii de Bastardmil. Iorq. march. de fontenay, Dom. montreuil le henri, Dobert, Xa. ord. san Lud. div. equitis.
regis navium et Classium Proefecti. - factis et virtute clarissimi, obiti ad Judias occidentales 8 juill 1723.)
. Obita in Cast. Dobert. - Sep. in sanct. Eccl. - 31 mar 1762.
N. Maria Car. Elion. de Barrin de la Galissonnière ucor nob. mag. et pot. viri Joan. Bap. de Bastard de fontenay.
obita in cast. Dobert. aest - 54 - Sa sepul in casseterio hujus Eccl. - 24 Juil. 1784.
N. mag. et pot. vir. dom. Joan.-Bap. de Bastard de fontenay, mile, Dom. de Dobert et du Bourgay, M.C.E. de la Galissonière vidius
ord. san. Lud. dic. Eques.. regis marium Praefectus.
Obitus in Cast. Robert. - Sepul. in [...] huj. Eccl. - aest 75. - 2 Juil. 1787.
Requiescant in Pace.
+
A la Mémoire
de Ceux qui, endormis dans la Paix du Seigneur,
reposent, comme leurs Ancêtres, dans leur dernier sommeil,
en la paroisse de Fontenay-sur-Vègre.
Très haut et très puissant seigneur
Messire Denis-Charles-Louis de Bastard marquis de Fontenay,
seigneur de Dobert, Fontenay, Montreuil-le-Henry, et autres lieux,
Capitaine propriétaire d'une Compagnie de Dragons, au régiment d'Aubigné,
chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis
Directeur de la Société royale d'Agriculture, au Mans ;
Mort à 80 ans au chateau de Montreuil-le-Henry, le 31 janvier 1789 ;
Ses restes mortels ont été transportés le 24 septembre 1887
du Cimetière de Montreuil-le-Henry, en celui de Fontenay par les soins
de son arrière petite-fille Alexandrine vicomtesse de Bastard d'Estang,
 assistée de son fils François comte de Bastard d'Estang.
+
Messire René-Marie de Bastard chevalier de Fontenay,
officier au régiment des chasseurs à cheval des Trois Evêchés,
officier de l'Armée de Condé
chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis
mort à 69 ans au chateau de montreuil-le-Henry le 22 Juillet 1824.
Ses restes mortels ont été transportés avec ceux de son Père le 24 7bre 1887 de Montreuil à Fontenay.
+
Messire René Urbain vicomte de Bastard de Fontenay,
capitaine au corps royal d'Artillerie, régiment de Besançon
chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis,
mort à 92 ans au chateau de Dobert, le 21 novembre 1837.
+
Alexandrine marquise de Bastard de Fontenay,
dame de Dobert, Fontenay et autres lieux,
fille de Jean-Baptiste-Denis de Bastard comte de Fontenay
Lieutenant-colonel de Dragons, chevalier de l'ordre royal et militaire de St. Louis,
morte à 67 ans, en son chateau de Dobert le 24 Juillet 1842.
+
Armand-Denis-Marie comte de Bastard de Fontenay,
Sous-Intendant militaire des armées du Roi aux campagnes d'Espagne, Morée et Alger
chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis
chevalier de l'ordre royal espagnol de Saint-Ferdinand,
mort à 62 ans à Paris, le 21 Juillet 1844.
+
Cécilia marquise de la Girouardière
fille d'Alexandrine marquise de Bastard de Fontenay,
morte à 72 ans, à Paris, le 12 Janvier 1867.
+
Henri Bruno vicomte de Bastard d'Estang
Procureur Général de S.M. le Roi Charles X près la Cour royale de Riom,
Président honoraire à la Cour d'Appel de Paris,
Officier de l'ordre de la Légion d'Honneur,
membre du Conseil municipal de la commune de Fontenay,
mort à 77 ans à Paris le 9 Juillet 1875 ;
Fils de messire Jean comte de Bastard d'Estang, en Armagnac,
Chevalier, Conseiler du Roi,
Chevalier d'Honneur en la Cour Souveraine des Aides et Finances de Montauban,
Et neveu, par son mariage, d'Alexandrine marquise de Bastard de Fontenay.
+
Alexandrine Vicomtesse de Bastard d'Estang,
dame de Dobert, Fontenay, et autres lieux ;
fille de Louis de Leuze de Saint-Dézéry, officier supérieur
chevalier de l'ordre royal de la Légion d'honneur, et de l'Aigle Rouge de Prusse,
et de Laurence de Bastard de Fontenay ;
nièce et héritière d'Alexandrine marquise de Bastard de Fontanay ;
morte à 76 ans, en son chateau de Dobert, le 12 septembre 1890.
De quoi s'agit-il ? Est-ce la liste des personnes inhumées dans l'église ? La liste des personnes pour laquelle on a demandé des messes ? Un début de généalogie ou la réhabilitation d'une généalogie des Bastard après la Révolution ?

En tout cas, la partie latine semble plutôt écrite au XVII ou XVIIIème siècle tandis que la partie française est (de toute évidence quand on regarde les dates concernées et l'écriture) de la fin du XIXe siècle. S'il y a des latinistes qui comprennent des parties du texte latin, je suis preneur, notamment au niveau des initiales C.M.S. J'imagine que V.P. veulent dire Vénérable et Prudent qui était un qualificatif pour les prêtres, mais je me trompe peut-être... A vos dictionnaires !

jeudi 7 mars 2013

D'étonnantes coïncidences


Il y a un an, avant de démarrer ma généalogie, j'ignorais absolument que mon grand-père, Berrichon, avait des ancêtres ayant vécu au Mans, ma ville natale, au XVIIIème siècle. Entre les homonymes et les dates de naissances communes avec nos ancêtres, ce qui m'a le plus surpris, c'est une sorte de prédestination géographique étonnante, pour ne pas dire effrayante.

(source : Arbre familial, via Geneanet)
On le voit bien sur cette carte, à part quelques ancêtres morts au loin (comme ce marchand drapier berrichon du XVIème siècle mort à Venise), nous venons de trois pôles géographiques en France : l'Ouest, le Centre, et le Sud-Ouest, formant une sorte de croissant dans les terres.

Lorsque j'ai commencé à remonter l'ascendance de la famille de Bastard, établie dans le Berry, le parcours m'a emmené vers Clisson, où on vécu nos ancêtres Métreau, cheminots, au XIXème siècle. Puis, vers le lieu d'origine des Bastard, qui étaient seigneurs de l'Île de Her, aujourd'hui appelée l'Île de Noirmoutiers, devant laquelle mes grands-parents possèdent une maison où nous allions chaque été étant enfants.

Les coïncidences troublantes ne s'arrêtent pas là, ce qui me pousse à continuer l'exploration des différentes branches de cette famille de Bastard. La branche de la Fitte s'est établie en Haute-Garonne, et j'ai trouvé hier l'acte de décès de Léonard Bastard, un cousin, décédé à Lafitte-Vigordane en 1693.

(source : Archives départementales de la Haute-Garonne - 2 E IM 5146 - p. 141)
"Le vint cinquiême jour du mois de Novembre mil six cens quatre vint treize est decedé Noble leonard bastard ancien capitoul de toulouse à neuf heures du soir age de quatre vint ans ou environs. Il a esté ensevelis le vint septieme dudit mois dans leglise de notre dame de querillou du lieu de lafitte present bertrand castaret & pierre fentanac veuf marault dudit la fitte qui ont dit ne scavoir signer en foi de ce me suis signé."
Coïncidence troublante, en effet, de trouver ce capitoul (adjoint au maire) de Toulouse au XVIIème siècle alors que toute une branche de mes cousins germains vit actuellement à Toulouse. Ce qui est étonnant, c'est qu'on retombe toujours dans les mêmes villes et les mêmes zones géographiques. Rien dans l'Est, le Nord, ou le Sud Est. Quelles que soient les branches, quels que soient les ancêtres, nous nous retrouvons toujours dans les mêmes villes et villages depuis des siècles.

Comme si la Providence s'amusait avec nous comme de pions, ou comme si nous étions destinés à vivre au même endroit que ceux qui nous ont précédé, sans même en avoir conscience. Et vous, avez-vous remarqué une prédestination géographique dans votre famille ?

lundi 4 mars 2013

Auguste Louis Aimable Métreau, chevalier de la légion d'honneur, médaille militaire


J'ai récemment terminé mon objectif qui était de trouver tous les enfants de Jacques Mêtreau et Thérèse Nolin à Nouan-le-Fuzelier à la fin du XVIIIème siècle. J'ai alors pensé à regarder sur le site Leonore qui regroupe les titulaires de la légion d'honneur pour voir si un Métreau ne l'avait pas eu. Et bien, il semble que chaque branche de ma famille ait un médaillé. Après les Frémeau, les Gaveau et les Bastard, voici qu'un Métreau fut décoré de la légion d'honneur : Auguste Louis Aimable Métreau.

(source : Arbre familial, via Geneanet)
J'étais sûr qu'il faisait parti de ma famille, car tous les Métreau de Nouan-le-Fuzelier sont issus de mon ancêtre Jacques Mêtreau émigré de la Vienne. Ayant le nom de ses parents sur son dossier de légion d'honneur, je suis donc parti à la recherche de l'acte de mariage de Louis Métreau et de Marie Euphémie Emilienne Laveille que j'ai vite trouvé à Nouan-le-Fuzelier en 1883. D'après cet acte, j'ai compris qu'Auguste Métreau était le cousin issu de germain de mon arrière-grand-mère Berthe Grelot.

Sur l'acte de mariage de ses parents, (célébré par François Amable Nolin, adjoint au maire, probablement de notre famille car il n'y a qu'une famille Nolin à Nouan-le-Fuzelier) dans la marge (et un peu coincé par la reliure), j'ai trouvé ce texte :

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 1 MIEC 161 R2 -  p. 229)
"cet instant, les parties ..us ont déclaré qu'il ... né d'elles, à la date ... quinze Avril dernier ...étreau Auguste Louis ...mable, inscrit sur ...s registres des naissances ... cette commune le même ...r sous le n° dix-neuf, ...'ils reconnaissent pour ....r fils légitime, voulant ...'il jouisse des prérogatives que ... enfants qui pourront ...ître de leur union."
Direction donc le 15 avril 1883, six mois avant le mariage de ses parents, où j'ai trouvé ceci :

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 1 MIEC 161 R1 - p. 387)
 "Métreau Auguste Louis Aimable garçon illégitime Légitimé par le mariage de Louis Métreau & de Marie-Euphémie-Emilienne Laveille, célébré en cette commune à la date du vingt-neuf octobre mil huit cent quatre-vingt-trois, et inscrit sur les registres des mariages sous le n° onze"
 C'est le père, Louis Métreau qui vient déclarer l'enfant, de lui et de sa femme "non mariés". Il lui donne par ailleurs le prénom de Aimable qui est celui du grand-père de l'enfant, mon ancêtre Clément Amable Métrop. Il y a donc peu de doute sur le fait que cet enfant soit donc bien le fils de son père.

Passons maintenant au dossier de légion d'honneur d'Auguste. J'y apprends que, comme son père et son grand-père, il est lui aussi charron. Pendant la Première Guerre Mondiale, il a combattu comme soldat dans le 89ème régiment d'infanterie de ligne.

(source : Drapeau du 89ème régiment d'infanterie de ligne de l'armée française, avec ses batailles, par Sémhur, licence CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)
Malheureusement, en 1915, il reçoit une grenade qui lui fracture la jambe droite, dont il sera amputé en partie.

(source : Archives nationales - 19800035/0094/11738 - p. 10)
Le dossier m'apprend que, le 23 mai 1916, tandis que la Première Guerre Mondiale bat son plein mais qu'il ne peut plus combattre du fait de son infirmité, Auguste reçoit la Médaille Militaire.

(source : Archives nationales - 19800035/0094/11738 - p. 7)
Afin de recevoir la légion d'honneur, sur proposition du Ministre de la Guerre, il doit faire dresser un rapport de gendarmerie attestant de sa moralité. Voici ce que dit de lui le maréchal des logis-chef Légeret le 18 janvier 1938.

(source : Archives nationales - 19800035/0094/11738 - p. 9)
"Le mutilé de guerre, Métreau, auguste-Louis-aimable, né le 15 avril 1883, à Nouan-le-Fuzelier, (Loir-et-Cher), demeurant dans cette localité, est bien considéré dans la commune. Sa conduite est exempte de reproches ; il est de bonne moralité ; et rien ne s'oppose pour l'instant, à ce qu'il soit l'objet d'une proposition de nomination dans l'ordre de la Légion-d'Honneur."
Pièce la plus touchante de ce dossier, une lettre manuscrite écrite de la main d'Auguste Louis Aimable Métreau demandant à être décoré devant le régiment où son fils Raymond est militaire de carrière. Voici la lettre en question :

(source : Archives nationales - 19800035/0094/11738 - p. 6)
"Monsieur
En réponse a votre honorée du 28 Avril 1938.
Je vous envoie ci joint comme vous me le demandez
1° Mon acte de Naissance.
2° Mon livre de traitement de la Médaille Militaire.
D'autre-part, Je désirerais être décoré devant le front des troupes A Tours ou mon fils est sous-officier de carrière. Raymond Métreau au 32ème D'Infanterie 1ère compagnie. Tours. (Indre-et-Loire.
Je tiens a vous dire que le jour ou je serai convoqué je serai muni de la décoration.
Recevez Monsieur mes sincères salutations.
Métreau Auguste-Louis Aimable
a Nouan-le-Fuzelier. (Loir-et-Cher"
Malheureusement, Auguste ne sera pas écouté par l'administration et sera décoré à Salbris (Loir-et-Cher) par le capitaine Maurice André Louis Stanislas Angellin, commandant d'armes de la garnison de Salbris.

(source : Archives nationales -  19800035/0094/11738 - p. 5)
Voici donc un nouveau membre de la famille décoré de la Légion d'Honneur. Quel dommage qu'il n'existe pas de site internet similaire pour les autres décorations françaises ! Je suis sûr qu'il y aurait de nouvelles découvertes. Et vous, avez-vous trouvé des médaillés dans votre famille ?

vendredi 1 mars 2013

Vérifier les nobiliaires, l'exemple de Jean Gaspard de Bastard de la Rolle


Dans mon récent article sur Jean de la Loë, j'ai parlé brièvement de son beau-père, Guillaume de Bastard, qui s'occupe de la vente par le roi Charles VII de la Ferme du Treizième du Vin. Descendant donc de cette famille de Bastard (qui doit son patronyme a des origines remontant à un bâtard d'un comte de Nantes, issu des ducs de Bretagne), j'ai remonté sa généalogie grâce au merveilleux livre écrit par Jean de Bastard, comte d'Estang : Généalogie de la Maison de Bastard.

Jean de Bastard, comte d'Estang (source : Généalogie de la Maison de Bastard, par Jean de Bastard, via Google Books)
Ce genre de livres généalogiques écrits par un membre de la famille et donc centrés sur une seule famille, sont généralement beaucoup plus fiables que les nobiliaires généralistes écrits au XIXe siècle du type du Dictionnaire de la Noblesse de La Chesnaye-Desbois qui contient beaucoup d'erreurs. J'ai tendance à préférer ces généalogies familiales écrites, ainsi que celles dressées par les généalogistes royaux tels le Père Anselme, pour faire mes recherches sur les branches nobles de la famille.

Même si généralement de tels livres ont été écrits avec soin suite à l'étude des cartulaires, testaments et autres documents anciens qui permettent de remonter les généalogies nobles avant l'édit de Villers-Cotterêts, j'aime bien vérifier, quand je le peux, les informations qu'ils contiennent.

Dans le cas de la famille de Bastard, dont je m'amuse à descendre les différents rameaux pour voir ce que sont devenus nos cousins, je suis tombé sur Jean Gaspard de Bastard de la Rolle. Voyons ce que notre auteur dit de lui :


(source : Généalogie de la Maison de Bastard, par Jean de Bastard, p. 68-69, via Google Books)
La ville de Fleurance où vit cette branche de la famille de Bastard se situe dans le Gers, département dont les archives ne sont toujours pas en ligne. Je ne peux donc pas vérifier ces informations concernant ce personnage qui semble avoir côtoyé Louis XVI et Marie-Antoinette. Mais je peux vérifier s'il a bel et bien obtenu le grade d'officier de la légion d'honneur sur le désormais célèbre site des Archives Nationales : Leonor.

Dans son dossier de légion d'honneur que je trouve vite, classé aux archives de Paris sous la notice L0132012, je trouve une copie de son acte de baptême :

(source : Archives Nationales - LH/132/12 - p. 2)
"L'an mil sept cent soixante quatre et le vingt huit du mois de mars a été Baptisé par moi curé soussigné, jean gaspard Bastard, fils à Messire jean Gaspard Bastard subdegué de Mr L'intendant D'auch et dame Bonnaventure francoise dubary de Colomé né de legitime mariage né de la veille : parain Messire jean Gaspard Bastard Chanoine chantre et vicaire général de lectoure absent et a tenu pour lui messire antoine Bastard Conseiller du roy et son receveur en L'election de lomagne, presens Pierre Derrey et Pierre Moulié qui n'ont scu signer Mellis curé Bastard larrey ainsi signé ..."
La date et le nom des parents correspondent. On voit que le curé oublie de mentionner la marraine de l'enfant, et que l'emploi de la particule pour cette famille n'était toujours pas, comme dans les anciens temps, systématique et qu'il s'agit probablement d'un péché d'orgueil de l'auteur de l'avoir ajoutée à beaucoup des membres de la famille. Rappelons, à toutes fins utiles, que noblesse et particule n'ont absolument aucun lien et que beaucoup de familles titrées n'avaient pas de nom de famille à particule.

En plus d'une lettre comptant ses états de services dans les Gardes du Corps du Roi, et d'une autre attestant de sa réception au grade d'officier dans l'ordre de la légion d'honneur, nous trouvons ce procès verbal d'individualité :

(source : Archives Nationales - LH/132/12 - p. 3)
"Cejourd'hui douze Juin mil huit cent Seize par-devant nous maire du Septieme arrondissement municipal de la ville de paris
Sont comparus MM. Jean Jacques leopold Adam Perruquier Patenté rue du temple n°24 et françois hohl Cordonnier léonard Schmitt Perruquier Patenté même demeure quartier du mont de piété que nous déclarons bien connaître ;
Lesquels ont certifié et attesté pour notoriété à tous qu'il appartiendra, qu'ils connaissent parfaitement M. Bastard (Jean-Gaspard) Lie.nt Colonel Retraité de Cap.ne nommé officier de l'Ordre royal de la Légion d'honneur, le seize may 1816 et sous le n° d'ordre
Ainsi qu'il résulte, de la lettre du Grand Chancellier en datte du 27 may 1816
1° Du Certificat du marechal duc de Tarente de Membre de l'Ordre royal de la Légion ;
2° De son acte de naissance ; né le 27 mars 1764, a fleurance Département du Gers
3° De l'état de ses services : en qualité de Brigadier des Gardes du corps du Roy Compagnie de Gramont 31 ans de Service ainsi qu'il résulte d'un extrait du controle de la dite compagnie en date du trente aout 1816
lesquelles Trois pièces par nous paraphées demeurent annexées au présent.
Et qu'il a été inexactement désigné sur la lettre du Gd. Chambellan de l'Ordre royal de la Légion d'honneur, sous les noms et prénoms de De Bastard Seulement, sans prénoms, au lieu de Jean Gaspard, qui sont ses vrais prénoms, et qu'il a été bien désigné sur l'état de ses services, ses nom et prénoms devant être, d'après son acte de naissance, écrits ainsi sur les nouveaux registres de matricules et listes officielles.
Nom Bastard Prénoms Jean Gaspard
Explication Sommaire
Jean Gaspard Bastard
En foi de quoi nous avons délivré le présent, qu'il a signé avec nous.
Fait à Paris le Douze juin 1816."
Dure vie pour la noblesse avec l'apparition de l'état civil, où Jean Gaspard de Bastard de la Rolle dit "le chevalier de Bastard" devient simplement Jean Gaspard Bastard. On y voit également que l'ordre de la légion d'honneur fut récupéré par la monarchie de la Restauration. Malgré cette modification d'état civil, notre chevalier continua de signer sous son nom d'usage :

(source : Archives Nationales - LH/132/12 - p. 3)
Merci en tout cas aux Archives Nationale de mettre en ligne ces dossiers de Légion d'Honneur que je ne me lasse jamais de consulter tant ils sont remplis d'anecdotes qui donnent du coeur aux membres disparus de nos familles. Et j'ai maintenant un peu plus d'assurance que ce que raconte le comte d'Estang dans son livre est vrai tant toutes les informations concordent.

Conclusion, ne recopiez pas bêtement les nobiliaires (ou les généalogies des autres) : vérifiez !

jeudi 28 février 2013

Jean de la Loë aide financièrement Charles VII et Jeanne d'Arc


Jean de la Loë est un homme retrouvé dans mon ascendance berrichonne côté Jaupitre. Il s'agit de mon ancêtre à la 19ème génération (ça commence à faire).

(source : Arbre familial, via Geneanet)
La chance que j'ai, c'est que Jean de la Loë a joué un petit rôle dans l'Histoire de France qui l'a fait connaître des historiens locaux et qui me permet d'avoir de nombreux et riches renseignements à son sujet.

Tout d'abord, voici ce qu'en dit un cousin, Jean de Bastard, comte d'Estang, dans sa Généalogie de la famille de Bastard dont nous descendons également et qui avait déjà fait alliance avec la famille de la Loë.

(source : Généalogie de la famille de Bastard par Jean de Bastard, via Google Books).
Cette famille fait donc partie des nombreuses autres ayant émigré de Flandre ou de Bretagne vers le Berry à une époque où les foires de Bourges comptaient parmi les plus importantes du royaume. Ayant trois fleurs de lys de gueules sur ses armes, je me doutais qu'il s'agissait d'une concession royale. Pour les trois alouettes qui les entourent, il s'agit bien sûr d'armes parlantes (sorte de rébus, ou jeu de mots, dans les armoiries) : la loë = l'alouette.

(source : Histoire du Berry par Jean Chaumeau)
Jean Chaumeau, dans son Histoire du Berry, nous donne une très élégante représentation des armes de Pierre de la Loë (frère de Jean), échevin de Bourges et valet de chambre du Roi.

C'est dans un livre intitulé L'Ancien Coutumier du pays de Berry (XIVe et XVe siècles) écrit par Émile Chénon, que j'ai trouvé de nombreux renseignements sur mon ancêtre Jean de la Loë, qui semble avoir été le dernier à rédiger le Coutumier de Berry (texte régissant le droit selon la coutume). Voici ce qu'il nous en dit :
"Ce Jehan de la Loë n'est pas un inconnu. C'était un "notable bourgeois" de Bourges, qui portait d'azur à une fasce d'argent, chargée de trois fleurs de lys de gueules, et 3 alouettes d'or, 2 et 1 (changées plus tard en merlettes)."
Armes de la famille de la Loë (source : dessin personnel, licence CC BY 3.0)
 "En 1429, Jehan de la Loë eut l'occasion de rendre à Charles VII un signalé service. Jeanne d'Arc était alors occupée, "avec haut et puissant seigneur Monsieur d'Albret, comte de Dreux et de Gaure, lieutenant du roy en son pays de Berry sur le fait de la guerre", au siège de la Charité-sur-Loire, où commandait un rebelle opiniâtre, Perrinet Grasset (ou Gressart)."
Portrait de Charles VII par Jean Fouquet (source : domaine public, via Wikimedia Commons)
 "Pour "entretenir leurs gens estans en iceluy", Jeanne d'Arc et le sire d'Albret avaient grand besoin d'argent. Il leur fallait 1.300 écus d'or, "ou autrement eux et leurs dites gens devroient partir de devant ladite ville et lever ledit siege". Pour trouver cette somme, le roi fit mettre aux enchères la ferme pour un an du treizième du vin vendu en détail à Bourges, avec cette clause que le dernier enchérisseur paierait d'avance les 1.300 écus d'or. Ce fut Jehan de la Loë qui se porta adjudicataire pour la somme de 2.000 livres tournois, et qui paya les 1.300 écus, lesquels ne furent envoyés à Jeanne d'Arc que le 11 janvier 1430 ! Elle avait dû dans l'intervalle lever le siège." [...] "Quelques années plus tard, Jehan de la Loë, "quoique non gradué en droit", dit La Thaumassière, fut pourvu de la charge de lieutenant général du bailli de Berry. Cette nomination eut lieu très probablement en 1434."
En quoi consistait exactement cette tâche de lieutenant-général du bailli de Berry ? Voyons en quoi Wikipedia peut nous aider. A l'article bailli, je trouve ceci :
"Le bailli était, dans l'Ancien Régime français, le représentant de l'autorité du roi ou du prince dans le bailliage et chargé de faire appliquer la justice et de contrôler l'administration en son nom. [...] Vers le XVIe siècle, le rôle du "bailli" était devenu simplement honorifique, le Lieutenant général du bailliage et d'autres officier se répartissant son pouvoir."
Quant à la définition de lieutenant-général, voici ce que je trouve toujours dans Wikipedia :
"Le lieutenant-général de bailliage ou de sénéchaussée était le nom donné au juge-mage, chargé de suppléer au bailli ou au sénéchal dans les questions juridiques." 
Partons donc maintenant dans l'article sur les juges-mages de Wikipedia pour savoir en quoi consistait exactement cette fonction, première que semble avoir exercé Jean de la Loë :
"Le juge-mage, parfois écrit juge-maje, du latin judex major ("grand juge") est une ancienne fonction juridique variant selon les lieux et les époques. [...] Dans les circonscriptions de la France de l'Ancien Régime des sénéchaussées (de la fin du XVIe siècle à la Révolution) le juge-mage, également appelé lieutenant général, venait dans la hiérarchie immédiatement après le sénéchal. Il ne faut pas confondre la charge de lieutenant général avec le grade militaire de lieutenant-général en usage dans diverses armées, ou des charges sensiblement différentes portant ce titre. La charge était achetée. Le sénéchal lui déléguait ses pouvoirs de justice pour se consacrer à l'administration et au domaine militaire."
 On peut imaginer que Jean ait été nommé à sa charge par Charles VII suite à l'achat de cette ferme ; achat qui l'aida dans sa lutte pour reconquérir le trône, ainsi que peut-être à l'instigation de son frère, Pierre de la Loë, qui était valet de chambre de ce même Charles VII. Ou encore que les revenus tirés de cette ferme royale achetée pour un an l'aidèrent à acheter sa charge. Lieutenant-général équivaut dont  à une sorte de juge, et on voit que cette branche d'hommes de lois de ma famille a donc des origines lointaines dans ce corps de métier.

Émile Chénon continue en nous disant qu'il est sûr que Jean de la Loë a rédigé lui-même et annoté une partie du coutumier de Berry car, fait rare, il parle de lui à la première personne dans des affaires qu'il a jugé. Il aurait donc été lieutenant-général du bailli de 1434 à 1442.

"A cette époque, "à cause de son extrême vieillesse, caducité et maladies qui l'empêchoient de vaquer au fait de sa charge, et de faire les chevauchées, esquelles les lieutenans generaux étoient lors tenus", il en fut déchargé par le bailli de Berry, Poton de Xaintrailles, qui lui donna pour successeur Me David Chambellan, dont l'élection fut approuvée par Charles VII le 26 septembre 1443."
Pour nous donner une idée des vêtements de l'époque, voici une enluminure des Vigiles du roi Charles VII représentant à gauche Étienne de Vignolles, dit La Hire, capitaine du temps de Jeanne d'Arc et à droite Poton de Xaintrailles, bailli de Berry.

(source : domaine public, via Wikimedia Commons)
Après avoir été démis de sa charge, il fut nommé en lieu de retraite Maître des requêtes ordinaires de l'Hôtel du Roi. Voyons à nouveau Wikipedia pour comprendre ces fonctions médiévales :
"Les maîtres des requêtes ordinaires de l'hôtel du Roi étaient, depuis le Moyen Âge, des officiers propriétaires d'une charge extrêmement prestigieuse [...] Pour pouvoir devenir maître des requêtes, il fallait avoir exercé pendant six ans dans une cour supérieure (Parlement, Chambre des comptes) ; les enfants de magistrats de ces cours bénéficiaient d'une durée réduite de trois ans seulement. A l'origine, les maîtres des requêtes tenaient le tribunal des Requêtes de l'Hôtel." 
Voyons de quoi retourne ce tribunal :
"Le tribunal des Requêtes de l'Hôtel était, dans la France de l'Ancien Régime, un tribunal royal tenu à partir de la fin du XIVe siècle de façon permanente dans l'enclos du Palais à Paris par des conseillers du roi, appelés par la suite maîtres des requêtes, qui avaient compétence spour juger certaines causes privilégiées. Les Requêtes de l'Hôtel connaissaient en particulier des causes des personnes ayant droit de committimus, c'est-à-dire le droit d'être jugé, au civil et en première instance exclusivement à toute autre cour souveraine, devant les Requêtes de l'Hôtel de Paris ou devant les Requêtes du Palais au Parlement de Paris. Ce droit s'appliquait à certains particuliers comme les princes du sang, les ducs et pairs, etc., et aux membres de certaines communautés parmi lesquels les officier et domestiques de la Maison du roi, les magistrats des cours souveraines, les Trésoriers de France, etc." 
N'étant pas familier de la justice royale au XVe siècle, je pense que ces définitions s'imposaient pour comprendre un peu quel était le métier de Jean de la Loë. Il semble avoir exercé tout au long de sa vie un métier équivalent à celui de juge et de juriste. La cour étant en exil dans le Berry auprès de Charles VII, il est fort probable que le tribunal des Requêtes de l'Hôtel ait suivi Charles VII. C'est la raison pour laquelle un berrichon se retrouve avoir occupé cette charge souvent occupée par des familles parisiennes.

On se rappelle un peu plus haut que Jean de la Loë, à une époque précédant sa nomination au poste de lieutenant-général du bailli, avait acheté au roi des vignes pour soutenir l'effort de guerre de Jeanne d'Arc. (Y a-t-il un lien avec sa nomination ? Est-ce une récompense pour avoir aidé le roi ?)

Gaspard Thaumas de la Thaumassière nous donne dans son Histoire de Berry de très nombreux renseignements sur les familles d'échevins et de maires de Bourges, et notamment le procès verbal de Guillaume de Bastard, futur beau-père de notre Jean de la Loë (et donc un autre de nos ancêtres), à l'époque lieutenant-général du bailly de Berry, ainsi que docteur en droit canon et civil, capitaine de 58 hommes d'armes et de 42 hommes de traits, conseiller du Roi, maître des requêtes de l'Hôtel du Roi, commissaire royal sur le fait des aides en Berry et, pour ce qui est de ses titres, Chevalier, Seigneur de Terland, des cens de Machereau, de Boismort, de Saint-Germain-des-Bois en partie et de Maultrot et Vicomte de Fussy. C'est toujours émouvant de retrouver des documents écrits de la main de nos ancêtres et confirmant les informations trouvées dans divers nobiliaires et généalogies. En voici le texte :

(source : Histoire du Berry, par Gaspard Thaumas de la Thaumassière, via Google Books)
"A Tous ceux qui ces presentes Lettres verront. Guillaume Bâtard licentié en Droit Canon & Civil, Lieutenant General de Monsieur le Bailly de Berry, Salut. Sçavoir faisons qu'aujourd'huy Nous seans en Jugement, illec assistans plusieurs des plus notables Bourgeois & Gens de Conseil de ladite Ville, est venu pardevant Nous Pierre de Beaumont Procureur desdits Bourgeois & Habitans de ladite Ville de Bourges : Disant que promptement & sans délay falloit envoyer par iceux Bourgeois & Habitans de la Ville de Bourges à Haut & puissant Seigneur Monsieur d'Albret Comte de Dreux & Gaure, Lieutenant du Roy en son Pays de Berry sur le fait de la Guerre, & Jeanne la Pucelle étant au Siege devant la Ville de la Charité sur Loire, par l'Ordonnance & Commandement du Roy nôtre dit Sire, la somme de treize cens Ecus d'or courans à present, pour entretenir leurs gens, ou autrement commande eux & leursdites gens de partir de devant ladite Ville & lever ledit Siege, qui seroit plus grand dommage pour ladite Ville & tout le Pays de Berry si ledit Siege étoit levé, pour defaut de payement de ladite somme, & qu'on ne trouverois aucuns Bourgeois particuliers de ladite Ville qui préteroient icelle somme, & mettroient à prix ou enchere la Ferme du Treiziême du Vin vendu en détail en ladite Ville de Bourges pour un an, commencé le onziême de present mois de Novembre, pourvû tout voye que en faisant le Bail de ladite Ferme seroit dit, & aussi tenu que quiconque mettroit sur ladite Ferme, & elle luy demeurât à l'enchere comme au plus offrant, & icelle tierceroit & doubleroit sur le premier prix, bailleroit avant toute oeuvre, & restituroit ladite somme de treize cens Ecus à celuy ou ceux qui l'auroient prêtée reaument ; & de fait, avant qu'il joüisse de ladite Ferme, ou cas que ladite somme de treize cens Ecus auroit été baillée pour le fait dessus dit, par celuy ou ceux qui de present tenoient ou tiendront ladite Ferme,ou esquels ladite Ferme demeureroit à l'enchere ; & aussi afin que ladite Ferme fut de plus grande valeur, & plus promptement icelle somme de treize cens Ecus être trouvée, que voulussions donner Congé, Licence ez quatre Commis & Elus au Gouvernement de ladite Ville pour cette presente année, de mettre ou faire mettre sur ladite Ferme, si bon leur sembloit, ou être Compege d'icelle, afin que pour le tems à venir on ne les en pût traiter à autre, ny aucune chose decider ou donner charge pour le tems à venir, en Nous requerans que ladite Ferme fassions crier à l'enchere sous les conditions devant dites ; & aussi donner la licence & congé devant dites ausdits Elus & Commis au Gouvernement de ladite Ville, pour plutôt avoir & finer ladite somme de treize cens Ecus que promptement leur falloit bailler pour obvier à ce que dit est ; & pour plus seurement proceder, se pouvons faire les choses dessusdites, aprez lesdites Requêtes à Nous ainsi faites, avons demandé l'opinion desdits Bourgeois & Gens de Conseil aussi assistans comme dessus est dit, l'un aprez l'autre, se pouvons faire les choses desssusdites ; & s'il est d'accord en tant comme il lair touchoit des choses dessusdites ; Lesquieux Nous ont répondus que licet & faire le pouvions pour obvier à plus grand dommage & inconvenient & y donnoient leur consentement. Pourquoy Nous oy la Requête, Opinions, Consens dessusdits ;  Nous ausdits quatre Commis & Elus audit Gouvernement de cette Ville, avons donné Congé, Licence & autorité de par le Roy, de mettre ou faire mettre sur ladite Ferme & d'icelle être Compeige, pour telle part & portion que bon leur semblera, si en tant que faite, le pouvons & devons de raison, sans ce que pour le tems à venir, à cause de ce on leur en puisse aucune chose demander, ne donner charge aucune, & incontenant avons fait crier à l'enchere ladite Ferme, sous condition que celuy ou ceux à qui demerroit ladite Ferme à l'enchere, ou particulierement ou doublement ; promptement & sans delay & avant qu'il joüissent d'icelle Ferme, bailleroint reaument & de fait lesdits treize cens Ecus d'or, pour envoyer esdits Monsieur d'Albret & la Pucelle audit Siege, pour entretenir leurs Gens étans en iceluy. Laquelle Ferme aprez plusieurs Cris est demeurée à l'Enchere, comme au plus Offrant & dernier Encherisseur en notredite presence à JEHAN DE LA LOE Bourgeois de Bourges, au prix & somme de deux mil livres tournois Lequel Jehan a promis bailler & fournir incontenant lesdits treize cens Ecus pour ce que promis & convenu luy a été par lesdits Commis & Elus au Gouvernement de ladite Ville, Bourgeois & gens de Conseil aussi assistans pardevant Nous, que nul ne seroit reçu à tiercer & doubler ladite Ferme que prealablement il paye, rende & restituë audit Jean de la Loë lesdits treize cens Ecus, & ce à tous qu'il appartiendra. Certifions par ces presentes Lettres, comme de fait ez jours tenus à Bourges par Nous Lieutenant susdit, & donné sous le Scel des Causes dudit Bailliage le 24. jour de Novembre l'an 1429. CHASTEAUFORT."
 Plusieurs questions restent en suspens. Lorsque Jean de la Loë achète la ferme, Guillaume Bastard est-il déjà son beau-père ? Tout ce qu'on sait, c'est que sa fille épouse en deuxième noce Etienne Vallée, procureur du Roi à Bourges en 1455. Elle avait épousé en premières noces mon ancêtre Pierre Godard marchand associé de Jacques Coeur. Si Jean est déjà l'époux de la fille de Guillaume Bastard, y a-t-il eu favoritisme pour l'acquisition de la ferme royale ?

Voici en tout cas la belle ascension sociale d'un bourgeois, fils d'un breton arrivé à Bourges, qui épousa la fille d'un vicomte et s'associa aux hautes fonctions judiciaires de la province de Berry au XVe siècle. Ce qui est amusant dans toute cette histoire, c'est qu'en 1429, on appelait déjà Jeanne d'Arc : la pucelle !