samedi 3 janvier 2015

Le sous-lieutenant CHOTARD, notre colonel Chabert

Joseph CHOTARD + Rose JAMIN
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Alphonse Charles CHOTARD         Joseph CHOTARD
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                                         Victorine Ernestine BOURSIER
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                                        Berthe Louise Stéphanie GRELOT
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                                    Mon grand-père
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                                     Ma mère
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                                     Moi

Nous sommes en 1856, à la mairie du Mans, et on amène à Jules Louis LE BÊLE, adjoint au maire, un acte de disparition. Dans la famille CHOTARD, le fils aîné Joseph, docteur en médecine, vient de se marier à Mayet (Sarthe) avec Émilia BOUTTEVIN. On imagine la tristesse des parents lorsqu'ils ont reçu cet acte en provenance de Crimée.


(source : Archives départementales de la Sarthe - 5Mi 191_326-328 - pp. 121-122)
Du vingt cinq septembre mil huit cent cinquante six, une heure du soir, nous Jules Louis Le Bêle, adjoint, faisant par empêchement de Mr le Maire les fonctions d’officier de l’Etat civil de la ville du Mans, En Conformité de l’article 98 du Code Napoléon, avons transcrit sur ce registre l’acte de disparition dont la teneur suit : « Armée d’Orient, sixième régiment de ligne, extrait d’acte de disparition, cejourd’hui vingt cinq mars mil-huit cent cinquante six, à deux heures de l’après midi, au Camp de Tramir, (Crimée) devant nous Jean Dubois officier payeur au sixième de ligne, sont Comparus : Monsieur Beaugeois Constantin victor, lieutenant agé de vingt six ans, Jean Séguinot, sergent, agé de vingt six ans, Tête Jacques, sergent, agé de vingt neuf ans, tous trois en activité de service audit régiment, lesquels nous ont déclaré 1° que le sept Juin mil huit cent cinquante cinq ils assistaient au combat livré contre la place de sébastopol et qui a eu pour résultat la prise du Mamelonvert, 2° que Monsieur Chotard Alphonse Charles, sous lieutenant au même régiment, qui était présent à sa compagnie au moment où elle a été lancée a disparu pendant le Combat et que les recherches pour le retrouver ont été infructueuses ; ce qui autorise à croire qu’ayant été blessé grièvement son corps est resté au pouvoir de l’ennemi. (on dit que plus tard il est mort dans un hopital de sébastopol par suite de blessure reçue dans ce combat).Monsieur Chotard sous lieutenant qui avant son entrée au service habitait la Commune du Mans, Canton du dit, département de la sarthe, était fils de Joseph et de Rose Jamin domiciliés au Mans, canton du dit, département de la sarthe, il était né le huit février mil huit cent trente quatre au Mans, Canton du dit, département de la sarthe de tout quoi nous avons dressé le présent acte qui a été signé par nous et les trois témoins, le Jour mois et an que dessus, signé Beaugeois, Séguin Tête, Dubois officier payeur. pour extrait conforme au camp de Traktir le vingt cinq mars mil huit cent cinquante six : l’officier payeur signé Dubois. vu pour légalisation de la signature de Monsieur Dubois officier payeur apposée ci dessus : au Camp de Traktir le vingt cinq mars mil huit cent cinquante six. le président du Conseil d’administration eventuel. signature illisible et scellé : vu par nous sous intendant militaire d’office. signature illisible et scellé. Dont acte que nous avons signé./.
En 1854-1855, c'est le siège de Sébastopol (Crimée). Nous sommes sous le Second Empire, et la France de Napoléon III alliée au Royaume-Uni de la Reine Victoria, l'empire Ottoman d'Abdülmecid Ier et le royaume de Sardaigne de Victor-Emmanuel II de Savoie sont coalisés dans une guerre contre l'empereur de Russie Nicolas Ier. 

Franz Aleïevitch ROUBAUD, Le siège de Sébastopol (détail), 1904
(source : domaine public, via Wikimedia Commons)
Devant l'officier payeur Jean DUBOIS, comparaissent Constantin Victor BEAUGEOIS, lieutenant, Jean SÉGUINOT, sergent, et Jacques TÊTE, sergent, tous trois au 6e régiment de ligne dans l'armée d'Orient. Il viennent signaler qu'on ne retrouve pas Alphonse Charles CHOTARD et qu'on raconte qu'il est mort dans un hôpital de Sébastopol aux mains des ennemis. On se souvient du nom des ses parents, de sa commune de résidence et de ses lieux et dates de naissance, probablement mentionnés dans son livret militaire. Cette déclaration va traverser l'Europe de coursier en coursier pour atterrir dans la mairie du Mans.

Migrations d'Alphonse Charles CHOTARD
(source : Heredis 2014)
Voilà encore une fois comment par la petite histoire, on réapprend la grande histoire. Quand on trouve l'acte de naissance du fils d'un boisselier manceau, on n'imagine pas qu'on va le retrouver mort en Crimée, sous-lieutenant de l'armée de Napoléon III. 

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