lundi 4 février 2013

L'enfant caché de Louise Pottier


L'un des défauts que j'ai eu lorsque j'ai commencé ma généalogie, c'est que j'ai voulu, dans la soif de savoir jusqu'où on pouvait aller, remonter très vite. Avec parfois des énormes coquilles dont je ne m'étais pas rendu compte. Prenons l'exemple de Louise Pottier.

Louise est la fille de Marin Pottier, cultivateur et instituteur à Montbizot (Sarthe), et de Jeanne Edet. Elle se marie, enceinte jusqu'au cou, le 18 janvier 1846 avec Arsène François Feau et accouche le 27 février de la même année d'une petite Marie Louise, mon ancêtre. A la vue de ce mariage à huit mois de grossesse et de l'absence d'autres enfants avec Arsène François, j'ai toujours pensé qu'il s'agissait d'un mariage pour sauver les apparences et qu'il y a de fortes chances pour que le pauvre Arsène François ne soit pas le père de Marie Louise. Nous verrons un peu plus bas comment mon intuition pourrait se confirmer.

Sur l'acte de décès de Louise Pottier en 1881, est mentionné un frère nommé Pierre âgé de 53 ans, donc né vers 1827.

(source : Archives Départementales de la Sarthe - 5Mi 216_16-18 p. 310)

Le problème est que Jeanne Edet (la mère de Louise) était décédée en 1824 ! Marin Pottier, le père, avait dû se remarier et je n'avais jamais remarqué avant aujourd'hui que Pierre ne pouvait pas être le fils de Jeanne Edet. J'ai donc compulsé les registres de Ballon (Sarthe) où vivaient les Pottier à l'époque et je trouve quatre enfants au couple Marin Pottier-Jeanne Edet :

  • Julien Etienne (1816)
  • Louis (1817)
  • Joséphine (1819)
  • Louise (1821)
En 1827, je trouve bien un Pierre Pottier, mais il est fils naturel d'une Julie Pottier, ce n'est donc vraisemblablement pas le bon. Puis je me rappelle que Marin Pottier et Jeanne Edet sont décédés à Montbizot, commune où s'est mariée Louise leur fille. Je me dis donc qu'il a dû se remarier à Montbizot. J'avance dans les actes de naissances et je trouve rapidement Pierre Victor Pottier en 1827, fils de Marin et de Rose Chopin

En fouillant dans les tables décennales des communes où vivaient ces familles, je trouve l'acte de mariage Pottier-Chopin à Souligné-sous-Ballon. Dans cet acte, Marin Pottier est mentionné instituteur. L'officier d'état civil a-t-il mal entendu cultivateur ? Marin Pottier savait écrire d'une belle écriture, il est possible qu'il serve durant l'hiver, par exemple, d'instituteur de village. Je considère donc comme probable l'hypothèse qu'il ait été cultivateur et instituteur.

Afin d'aller un peu plus vite, je consulte les tables décennales de Ballon afin de noter tous les actes concernant les Pottier.

(source : photo personnelle - licence CC BY-ND 3.0)
Je retrouve très rapidement l'acte de décès de Rose Chopin, et surtout de Marin Pottier que je ne possédais pas. Je trouve également de nombreuses naissances et décès que je note à tout hasard. C'est alors que j'ai fait une découverte concernant mon ancêtre Louise. En 1844, elle a un enfant naturel nommé Louise Thérèse ! Les enfants naturels semblent être un sport familial tant j'en trouve nombreux dans ma généalogie. 

(source : Archives Départementales de la Sarthe - 5Mi 216_10 p. 208)
La pauvre petite Louise Thérèse meurt en 1845 à l'âge de 4 mois. Quelques temps après, Louise Pottier tombe à nouveau enceinte (s'agit-il du même père) et se marie avec Arsène François Feau. Si elle avait déjà eu un enfant hors mariage, ma théorie sur la conduite légère de Louise et la peu probable paternité de son enfant est un peu plus confirmée. Mais il se peut aussi qu'Arsène François soit le père de ces deux filles (bien que j'ai des doutes concernant la première, auquel cas, il aurait épousé Louise et légitimé l'enfant). Mais alors, pourquoi n'auraient-ils jamais eu d'autres enfants ensemble ?

Tout cela nous rappelle que la généalogie nous fait remonter la filiation "officielle" et que, dans le lot, beaucoup d'enfants ne furent pas de leurs pères officiels. La seule généalogie dont nous pouvons être sûrs est celle qui remonte par les femmes.

Voici donc la seule ancêtre la plus éloignée dont je suis sûr à 100% de descendre en partant de mon arrière-grand-mère maternelle : 

(source : Geneanet)
Marie Dubouy, vivant dans le Cher au milieu du XVIIIème siècle est de manière absolument certaine mon ancêtre. Quant aux autres, je remonterai quand même l'ascendance d'Arsène François Feau pour la généalogie "officielle" bien que j'aie de sérieux doutes sur sa paternité de mon ancêtre Marie Louise.

4 commentaires:

  1. Bonjour, L'article est passionnant. J'ai également parmi mes ancêtres quelques enfants naturels, et il est amusant en effet de voir comment se reproduisent dans une même branche certains schémas familiaux. Notez que parmi mes ascendants, j'ai retrouvé un couple dont l'épouse avait donné naissance à 2 enfants naturels, légitimés par le mariage 3 ans après la naissance du premier. Comme vous, j'avais quelques doutes quant à la filiation des 2 premiers enfants (hé hé on ne me l'a fait pas à moi :). Sauf qu'en consultant les actes notariés de l'époque j'ai trouvé un testament rédigé par son mari quelques mois avant la naissance du premier enfant, donc 3 ans avant le mariage de légitimation. Dans ce testament, mon ancêtre indique qu'il est soldat milicien et que s'il mourrait une certaine somme ainsi que sa partie d'héritage devait être versée à celle qui deviendra plus tard sa femme. Sachant que les miliciens n'avaient pas le droit de se marier durant leur service, c'est ce que je nommerais une légitimation indirecte.

    Cordialement

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  2. Rebonjour François
    Oui c'est ce qui donne envie de faire la généalogie: les découvertes, et comprendre pourquoi on en arrive à tel résultat = j'adore!
    J'ai le cas d'une ancêtre Eléonore Dumanois, dont je me suis aperçu, il y a peu, qu'après avoir eu mon ancêtre, sa fille naturelle, Léonie, elle a 3 autres enfants naturels! et s'est marié avec un homme de l'âge de sa fille...
    bonnes recherches

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  3. @ Anonymous : Il faudra en effet que j'aille vérifier les archives notariales pour voir si on trouve quelque chose.

    @Benoit Petit : C'est pour ça qu'il faut toujours feuilleter les registres et ne pas se cantonner aux NMD de nos sosas. On trouve toujours de petites surprises !

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