dimanche 27 avril 2014

Les quatre enfants GRELOT enfin retrouvés

Étienne dit Henri GRELOT + Victorine Ernestine BOURSIER
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Berthe Louise Stéphanie GRELOT
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Mon grand-père
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Ma mère
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Moi

Je pensais que ce jour n'arriverait jamais, mais j'ai enfin réussi à retrouver les quatre enfants d'Étienne GRELOT et Victorine BOURSIER. Et ce ne fut pas affaire facile car mon ancêtre travaillait dans les chemins de fer d'Orléans et voyageait de ville en ville au fur et à mesure de la construction de la ligne. Voici comment j'ai procédé.



Étienne GRELOT est né à Nouan-le-Fuzelier (Loir-et-Cher) en 1855, fils de Louis Noël GRÉLOT, lui aussi employé au chemin de fer, et de Cécile Joséphine MÉTRAU.

En 1877, son frère Émile se marie avec les filles de cafetiers de la gare de Mayet (Sarthe). Étienne est alors journalier à Clisson (Loire-Atlantique) mais se déplace pour le mariage.

En 1880, c'est au tour d'Étienne de se marier à Mayet avec Victorine Ernestine BOURSIER. Il habite alors à Écommoy (Sarthe) et travaille aux chemins de fer d'Orléans.

En 1882, à Aubigné-Racan (Sarthe), naît Berthe Louise Stéphanie, leur fille aînée. Je connaissais l'acte car il s'agit de mon arrière-grand-mère.

(source : Archives départementales de la Sarthe - 5Mi 14_17 - p. 136)
Pour trouver la naissance de sa deuxième fille, j'ai du demander à sa descendante, ma cousine Françoise qui m'a appris que Marguerite Léa Joséphine était née en 1884 à Neuillé-Pont-Pierre (Indre-et-Loire).

(source : Archives départementales d'Indre-et-Loire - 6NUM8/167/011 - p. 237)
C'est ma mère qui m'a appris le lieu de naissance de leur troisième fille, Reine Madeleine à Couesmes (Indre-et-Loire) en 1890.

(source : Archives départementales d'Indre-et-Loire - 6NUM8/084/033 - p. 311)
Restait le petit dernier : Georges. Ma cousine Françoise se demandait s'il n'était pas né à Versailles (Yvelines). Je savais qu'au début du siècle, Victorine BOURSIER était concierge à Versailles. Je n'avais pas vraiment envie de parcourir les recensements d'une ville aussi grande, mais puisqu'il s'agit d'un garçon et que je savais qu'il était né en 1899, je suis allé voir le registre des matricules militaires des Yvelines pour la classe 1919. Et j'ai trouvé ceci : 

(source : Archives départementales des Yvelines - 1R/RM 591 - p. 34)
Je suis donc allé consulter son livret militaire et j'y ai découvert son lieu de naissance : 

(source : Archives départementales des Yvelines - 1R/RM 603 - p. 772)
J'y ai appris en outre que Georges était comptable avant la guerre, sergent pendant celle-ci, puis chef du service des compteurs de la Société Versaillaise des Tramways électriques. Pas étonnant, puisque cette dernière dépendait des Chemins de fer de l'Ouest où travaillait son père. Après avoir combattu à tout juste 18 ans pendant la Grande Guerre, il est décoré de la médaille commémorative de la guerre 1914-1918.

(source : domaine public, via Gallica/BnF)
Georges Henri Victor est donc né au 4 rue Chalmel à Tours (Indre-et-Loire) en 1899.

(source : Archives départementales d'Indre-et-Loire - 6NUM8/261/336 - p. 199)
Son père est alors plâtrier, profession que je ne lui avais pas encore trouvée. Étienne GRELOT décède à Châteauneuf-sur-Cher (Cher) pendant l'occupation allemande. Le fait de retracer leur parcours et d'avoir retrouvé leurs actes de naissance (grâce aux aides de la mémoire familiale) m'a permis de retrouver les quatre enfants GRELOT et surtout de visualiser qu'ils ont passé la plupart de leur enfance en Touraine, chose que je n'avais pas réalisée auparavant. Voilà en tout cas un mystère de moins à notre arbre.

samedi 26 avril 2014

Pierre BONNIN nomme sa fille "Reine du Valois"

Pierre BONNIN
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Monique Michelle BONNIN
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Félix HUMEAU
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Alphonse Victor HUMEAU
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Le grand-père de mon beau-frère
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La mère de mon beau-frère
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Mon beau-frère
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Ma nièce

Aujourd'hui, une découverte absolument insolite ! Mais tout d'abord, situons notre scène. Nous sommes en 1786 et Pierre BONNIN, tisserand, épouse Perrine Françoise DELISLE. En 1789, la Révolution éclate, et dès 1793, Pierre s'engage chez les Chouans et participe à de nombreuses batailles autour de Cholet (Maine-et-Loire).

(source : Archives départementales du Maine-et-Loire - 1 M 9 / 68 - p. 1)
"Pierre Bonnin Journalier âgé
de 57 ans né à Maziere demeurant
a Cholet
a Son Excellence Le Ministre
de la Guerre
Monseigneur
Jai Lhonneur de vous exposer
que j'ai pris les armes des le 14 mars 
1793, Pour le Retablissement du Trône
des Bourbons en qualitée de soldat
que me suis battu avec devouement
jusqu'a la Pacification, que J'ai
nottament figuré avec Bravoure aux
affaires de châtillon, Bressuire, Torfou, 
Gesté, coron, Doué, Montreuil et 
cholet ..."
Il sort gravement mutilé de cette guerre civile, comme le constate le rapport médical qu'il fait dresser pour son dossier vendéen.

(source : Archives départementales du Maine-et-Loire - 1 M 9 / 68 - p. 6)
"... certifions que Le nmé pierre Bonnin, 
Journalier, Demeurant à cholet, a eté frappé
D'une Balle au dessous de L'os de la pommette Droite, 
que Le Susdit assure que depuis cette percussion
il à pour ainsi dire perdu L'oeil de ce côté et 
qu'il eprouve souvent des Douleurs et etourdissements"
Il "a perdu son mobilier par l'incendie ; cette perte peut être évaluée à 300 francs" et n'a "pas même de quoi se vêtir" d'après la supplique qu'il adresse au ministre. Il a néanmoins six enfants avec Perrine Françoise DELISLE qui décède en 1812. Il se remarie en 1816 avec Perrine GROLLEAU et, en bon royaliste, voici comment il nomme sa fille de ce second mariage : 

(source : Archives départementales du Maine-et-Loire - Naissances 1810-1820 Départementale - p. 266)
"A Comparu Pierre Bonnin journalier demeurant quartier Saint Julien en cette Commune
lequel m'a présenté un enfant femelle né le huit de ce mois, a onze heures et demie du soir
de lui déclarant & de Perrine Grolleau Son épouse, auquel il a donné les prénoms de Reine du valois"
J'ai cru que c'était une blague, mais c'est bel et bien réel. Il a nommé sa fille Reine du Valois BONNIN. Mis à part qu'à l'époque ce sont les Bourbon qui règnent, c'est un bien étonnant prénom pour une petite fille qui, si elle vit, verra le retour de Napoléon et de la République. Je vais continuer à explorer les archives pour voir ce qu'il advient de cette petite fille. Et vous, avez-vous déjà trouvé des prénoms franchement royalistes dans les archives ? 

samedi 19 avril 2014

La découverte de l'identité d'un père inconnu

Dans notre arbre généalogique se trouve une situation bien connue dans la famille, d'autant qu'elle est relativement proche de nous : le cas des filles BOURCIER.

(source : Arbre familial, via Geneanet)
Deux filles nées de père inconnu sur deux générations, ou comment transformer l'arbre généalogique de mon arrière-grand-mère en véritable gruyère. Un autre mystère plane sur cette dernière, Victorine Ernestine BOURSIER. Née en 1859, elle n'est reconnue par sa mère que le 20 novembre 1903. Pourquoi si tard ? Ça ne correspond même pas à son mariage en 1880. Peut-être que ma cousine pourra m'en dire plus après avoir visité les archives de Mayet ou de la Sarthe. Ou peut-être que le Fil d'Ariane pourra m'en dire plus s'ils répondent à ma demande d'acte ...

(source : Archives départementales de la Sarthe - 5Mi 201_21 - p. 116)
À force de discussions avec la famille, j'ai appris par cinq sources différentes (descendant directement de Victorine) que le père de Victorine Ernestine BOURSIER aurait été médecin, ce qui en fait une information valide. C'est du moins ce qu'auraient dit ses filles, témoins de première main s'il en est. C'était sans compter son mon obstination à découvrir la vérité. Près d'un siècle plus tard et grâce à internet, nous allons peut-être avoir la réponse. Mais d'abord, situons le contexte.

Mayet sur la carte de Cassini
Modeste Anne Madeleine BOURCIER est née en 1834 à Marigné-Laillé (Sarthe), juste au dessus du bourg de Mayet (Sarthe). C'est sa tante Anne PÉAN, sage-femme, qui déclare la naissance : elle est née de père inconnu. Elle sera domestique à gages à Mayet chez la veuve GARNIER à La Grande Métairie. C'est là qu'elle donne naissance en 1859, à Victorine Ernestine, née de père inconnu.

(source : Archives départementales de la Sarthe - 5Mi 201_21 - p. 116)
C'est précisément cette petite Victorine Ernestine dont le père serait médecin. Revenons un peu en arrière dans les registres de Mayet. J'ai exploré de long en large les registres et le seul médecin à avoir vécu à cette époque à Mayet a un nom : Joseph CHOTARD. C'est en effet un petit bourg qui compte principalement des cultivateurs et des journaliers, un ou deux négociants, et un seul médecin.

La première fois où je vois une mention de Joseph CHOTARD, c'est en 1856, lors de son mariage. Il est originaire du Mans et épouse la fille d'un greffier de Mayet.

(source : Archives départementales de la Sarthe - 5Mi 201_19 - p. 430)
Souvenons-nous, Modeste Anne Madeleine BOURCIER travaillait chez la veuve GARNIER à cette époque. Or voici que la veuve GARNIER vient à mourir.

(source : Archives départementales de la Sarthe - 5Mi 201_21 - p. 120)
On peut penser que l'unique médecin du village aurait rendu visite à une vieille veuve malade et aurait fait la rencontre de sa domestique. Ou qu'à l'occasion de son mariage, il aurait fait appel aux domestiques voisins pour aider à la noce. Car non seulement Joseph CHOTARD est l'unique médecin de Mayet, arrivant tout juste trois ans avant la naissance de mon ancêtre Victorine, mais il habite extrêmement près de la veuve GARNIER.

(source : Google Maps)
Le point rouge désigne le lieu de La Caille où vivait le docteur CHOTARD. Le point gris en bas à droite La Grande Métairie où était employée Modeste Anne Madeleine BOURCIER.

Enfin, dernier indice, les prénoms des enfants CHOTARD. Car il ne faut pas oublier que ce pauvre docteur a une femme. Ils ont un premier enfant en 1857 nommé Joseph Alphonse. Et comment s'appelle son deuxième fils né en novembre 1859 soit dix mois après son enfant illégitime nommé Victorine ?

(source : Archives départementales de la Sarthe - 5Mi 201_21 - p. 168)
Il le nomme précisément Victor Émile ! J'émets l'hypothèse que si Modeste Anne Madeleine n'a jamais reconnu son enfant, c'est parce que le père vivait dans le bourg et qu'on ne sait jamais ... il aurait pu le reconnaître. Car après la naissance de son dernier fils en 1864, Joseph CHOTARD et sa famille quittent Mayet. C'est après ce départ que Modeste Anne Madeleine épouse Charles Hippolyte GUILLEMET.

(source : Archives départementales de la Sarthe - 5Mi 201_23 - p. 224)
Ils seront les parents de celle que nous appellerons la Tante Léa. Dans cet acte de mariage ne figure pas de reconnaissance de Victorine comme fille de Monsieur GUILLEMET (comme cela arrivait autrefois), prouvant bien que ce n'est pas le père de cet enfant.

Cette succession de coïncidences de lieux, de dates et de faits me font croire que Joseph CHOTARD est véritablement le père de Victorine. 

Si on tient pour vraie l'information que le père de Victorine était médecin, nous avons : 
  1. Un médecin qui vient vivre à Mayet 3 ans avant sa naissance et qui est le seul médecin de Mayet
  2. L'employeur de la mère de Victorine qui décède en 1859
  3. Le médecin habite tout près que l'employeur de Victorine
  4. Victorine nait en 1859 d'un père inconnu
  5. Le fils du médecin né en 1859 s'appelle Victor
  6. Le médecin quitte le bourg puis la mère de Victorine se marie
  7. Victorine n'est pas déclarée fille de ce mari dans l'acte de mariage
  8. Victorine est reconnu très tardivement par sa mère (pourquoi ?)
Tout semble concorder à vérifier que ce père inconnu est bien Joseph CHOTARD, ce qui dévoile un nouveau pan de notre généalogie. Il y a tellement d'indices (particulièrement le fait que ce soit le seul médecin de Mayet) que je ne vois pas d'autre solution.

Joseph CHOTARD
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Victorine Ernestine BOURSIER
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Mon arrière-grand-mère
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Mon grand-père
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Ma mère
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Moi

mercredi 16 avril 2014

Métier de boisselier

Je commence à rencontrer à de multiples reprises le métier de boisselier chez nos ancêtres de l'ouest et comme de nombreux métiers aujourd'hui disparus, je n'avais pas la moindre idée de ce dont il pouvait s'agir.

(source : Arbre familial, Heredis 2014)
J'ai donc décidé de faire appel à mes amis les philosophes Diderot et d'Alembert et leur encyclopédie. Voyons ce qu'ils nous disent de ce métier.

Denis DIDEROT, Jean LE ROND d'ALEMBERT, Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une société de gens de lettres, t. V, Lausanne et Berne, Chez les Sociétés Typographiques, 1781, p. 229
Il semble donc que les boisseliers appartiennent à la communauté des tourneurs. En regardant à nouveau les statistiques de mon arbre, je me rends compte que j'ai de nombreux tourneurs, même si, contrairement aux boisseliers, il n'y en a pas parmi mes ancêtres.

(source : Arbre familial, Heredis 2014)
Les boisseliers fabriquaient donc des objets simples en bois. Pas étonnant que certains passent assez facilement de boisselier à tonnelier (fabriquant de tonneaux). Le résultat de leur artisanat est assez bien montré sur cette estampe du XVIIe siècle :

*, Habit de Boisselier, Paris, N. de L'Armessin, 17e siècle (source : Gallica/BnF)

vendredi 11 avril 2014

Louise CHAUVEAU aurait vécu 96 ans

Louise CHAUVEAU
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Louis CLEMOT
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Ludovic Raoul Joseph CLÉMOT
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Renée Clémentine Marcelle CLÉMOT
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La grand-mère de mon beau-frère
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Le père de mon beau-frère
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Mon beau-frère
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Ma nièce

Louise CHAUVEAU est née peu de temps avant la Révolution, approximativement en 1785. Je connais peu de choses la concernant. Ses parents se sont mariés au Voide (Maine-et-Loire) en 1783. Son père, Urbain CHAUVEAU, est sabotier, fils de sabotier. Sa mère, Louise MARCHAND, est fille de laboureur. 

Les CHAUVEAU vivent à Chanteloup, les MARCHAND vivent au Voide, même si Louise MARCHAND vit avant son mariage à Saint-Georges-du-Puy-de-la-Garde. Toutes ces communes sont relativement proches. Je n'ai pour l'instant pas retrouvé les enfants de ce couple. En effet, un sabotier pouvait tout à fait être itinérant de ville en ville. 

Le Voisde sur une carte de Cassini
Je n'ai pas non plus retrouvé l'acte de mariage de Louise CHAUVEAU avec Jean Louis CLEMOT, tisserand, marchand aubergiste et fabricant. En Maine-et-Loire, pendant la guerre de Vendée, il ne fait pas bon se marier à la mairie. Leur mariage se trouve peut-être dans un poussiéreux registre paroissial en Maine-et-Loire. Ce que je sais, c'est qu'entre 1806 et 1821, ils auront 9 enfants au Voide : 
  1. Jean
  2. Louise
  3. Louis
  4. Louis Marie
  5. Jean Pierre
  6. Jeanne
  7. Marie
  8. Pierre Jean
  9. Henriette
Le seul acte que je connais concernant Louise CHAUVEAU est son acte de décès en 1881.

(source : Archives départementales du Maine-et-Loire - 1873-1882 Départementale - p. 148)
Si j'en crois cet acte (qui m'apprend le nom de ses parents), elle serait morte à l'âge vénérable de 96 ans et née au Voide, soit environ en 1785. C'est assez logique puisque ses parents se sont mariés en 1783. Malheureusement, de 1783 à 1791, aucune naissance CHAUVEAU au Voide, ni dans les communes nommées dans l'acte de mariage de ses parents. J'imagine que le sabotier Urbain CHAUVEAU devait se déplacer de village en village. Mais on ne sait jamais, avec cette bouteille à la mer, peut-être quelqu'un retrouvera-t-il son acte de baptême pour vérifier ce grand âge qu'il aurait été admirable d'atteindre après avoir eu neuf enfants !

vendredi 4 avril 2014

Quand musée et généalogie se croisent

Je suis allé ce soir au Louvre dans la galerie des Flamands et des Hollandais pour m'imprégner du milieu de vie et des pays dans lesquels vivaient les ancêtres de ma nièce et j'ai particulièrement flashé sur ce tableau : 

Salomon KONINCK, Philosophe au livre ouvert ou Le philosophe en méditation, vers 1640-1650
Ce tableau, très proche d'un tableau de Rembrandt, faisait partie de la collection du comte de Fraula en 1738. Or, qui était comte de Fraula en 1738 ? Un ancêtre direct de ma nièce ! Jean Baptiste Joseph FRAULA, conseiller d'état et président de la chambre des comptes en Flandre et à Bruxelles, Comte de Fraula.

Jean Baptiste Joseph FRAULA, Comte de Fraula
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Marie Alexandrine Suzanne Josèphe FRAULA, Baronne de Beyer, Comtesse de Fraula
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Jeanne Begge Josèphe de BEYER, Dame Dufaure de Sauvezie, Baronne de Beyer
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Jeanne Guillaumette du FAURE de SAUVEZIE de MEILHAC, Demoiselle
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Jeanne dite Jeanne Juliette COMBESCOT-DUREPAIRE
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Jeanne Guillaumette ORIGET-DUCLUZEAU
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André HULIN
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André Eugène Théodose HULIN
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Le grand-père de mon beau-frère
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Le père de mon beau-frère
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Mon beau-frère
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Ma nièce

Armes des comtes de Fraula
C'est quand même fou ce genre de hasard, non ?

mardi 1 avril 2014

Pierre SEICHER au service de l'armée royale

Pierre SEICHER
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Louise SEICHER
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Marie Mathurine LEDUC
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Jeanne Marie Augustine Renée MARAIS
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Le grand-père de mon beau-frère
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Le père de mon beau-frère
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Mon beau-frère
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Ma nièce

Toujours dans le Maine-et-Loire et ses chouans, je n'arrivais pas à trouver l'acte de mariage de Pierre SEICHER et de Louise BERTHELOT, des ancêtres de ma nièce. Encore une fois, peu d'enfants sous la période révolutionnaire, et les dossiers vendéens m'apprennent que Pierre SEICHER a d'abord émigré sous la Révolution avant de revenir combattre dans l'armée royaliste. Peu de chance de retrouver son acte de mariage si les noces ont eu lieu en Belgique, en Angleterre, ou partout ailleurs en France. Je vais quand même essayer de chercher dans les villes où il semble avoir résidé durant la Contre-Révolution.

Toujours est-il que dans son dossier vendéen se trouve une lettre écrite de sa main au Palais des Tuileries en présence du Roi Louis XVIII.

Joseph-Louis-Hippolyte BELLANGÉ, Adrien DAUZATS, Une revue militaire devant l'arc du Carrousel aux Tuileries sous l'Empire, 1862
Voici cette fameuse lettre numérisée aux Archives départementales du Maine-et-Loire : 







(source : Archives départementales du Maine-et-Loire - 1 M 9 / 328 - pp. 8-10)
Du 10 janvier 1824
Pierre Seicher De la Brunetiere
De St Laurent de la Plaine a Monsieur le Segretaire
de letàt
Monsieur.
Je vous ExpoSe que Depuis. 1790 je me suy
toujour praîté a Rendre Service a Ceux
Qui onts Etez Percecuté pour la
Religion. Et la justice Et haine de sa
Majesté Louis 16 Et l’ors que la Eté
Sacrifiez en 1793 : - Dans le Courant
Du Mois de Mars suivant quon a
Vangéz le Crime Abominable Je me
Suy Expatriéz Ensuite me sui faite
Enregimanté volontairement En L’armée
De Mr; De Bauchand Dont Je
Marcher Sous Ces drapaux ; aux Mois
De Novembre que nous avons passé
La Loire ; Monsieur de Bauchand
Etans Mort a varade Je Repassez La
L’oire avec 14 homme et me Sui Reüni a 
Pierre Cathelineau du Côtez du pain En
Mauge et de Salais pour oposer les
Requissions Des grains des Republiquins
Pour detruire notre paye au Retour de 
Mon La Rocheclin et Mr Estofflet ausitot
quil ce Sonlt faits Connoitre Segretement
Je parti avec une Compagnie donlt nous les
avons trouvez au Milieu de la nuite En
Une Petite Chomiere A Côté Des lande
De Mauge. Commune de Salais. afin de
Relever nos Drapaux Royâliste donlt nous
avons perdu notre premier Chef Ensuite
Nous avons Marché a la Suite de 
Mr Stofflet et apres avoir purgez leS autre
De notre paye je Eté nommez par le dit Mr
Stofflet a sonlt quartiez a St aubin Bobiniez
Pour geré la place de CommiSsaire pour
fournir au BeSoinS de nos armée Royale
et pour tenir Lordre et la Corespondance
En notre Commune pandand que nous avons
Conservez L’othoritez Royal ; En 1799 Je
Marchay a la Tête Dune Compagnie
Qu’on a trétéz pour la Liberté des
Ministre de la Religion ; ma santé Etant
Beaucoupe Incomodée de ces Cource ; ne me 
Permeté past de pouvoir marché En 1815
Je Eté Nomez CommiSsaire par Lordre
De Mr Dautichamp En date du 24 mai
Pour pourvoir aux Besoins Des Armée et la
SupSiStance des Indigent Royalis et Sans
Jamais avoir Chancelé je me suis toujourt
Randus utile et mi Rand Encore En tous mon
Pouvoir quoi qua lage de 57 an je prouve 
une Maladi qui me met hor deta de pouvoir
Travaillez ; Je Recu Comme un
Gage de Bienveillance Royâle fait
Au Chatau des tuileries le 11
Juillet 1817, Delivrez le 17 Mars
1821 Signée de la main de Sa
Magestez ; Louis. 18. faite Ce Dit jour
& ans que Dessus
p  ; Sechér.
six Mots Reyir nul
nous Sousigne Jacque caillault
Et mathurin Secher touts
deux anciens capitaine de St
laurant de la plaine
Sertiffions que lexposé ci
dessus et de lautre part
Est Sincere et veritable
cest pour quoi nous
lavons approuve et 
signe pour lui
servir a valoir a ce
que de Raison
Ce qu'on comprends de cette lettre à l'orthographe approximative, ainsi que des autres pièces du dossier, c'est que Pierre SEICHER (qui met en tête "Pierre Seicher de la Brunetière" du nom de la ferme qu'il habite, cela fait sûrement mieux à Paris) a émigré, avant de s'enrôler dans l'armée d'udu Marquis de Bonchamps. Au décès de ce général, il retraverse la Loire avec 14 hommes, d'où il gardera un asthme apparemment fort (il crache même du sang au dire du médecin) et invalidant.

Thomas DEGEORGE, Mort de Bonchamps (détail), 1837
Il rejoint Pierre Cathelineau pour s'opposer aux saisies de grains par les Républicains.

Jean-Hubert SAUZEAU, Les Vendéens demandent à Cathelineau de prendre la tête de l'insurrection, 1900
Il part donc avec une petite compagnie, retrouver le Comte de la Rochejaquelin et M. Stofflet dans une petite chaumière, en pleine nuit, pour continuer le combat royaliste après la mort du Marquis de Bonchamps.

Pierre-Narcisse GUÉRIN, Portrait d'Henri du Vergier, comte de la Rochejaquelein, 1817
Il suit M. Stofflet à Saint-Aubin-Baubigné où il est nommé commissaire pour fournir aux besoins de l'armée royale et tenir l'ordre et la correspondance de la commune. En 1799, il marche à la tête d'une compagnie pour la liberté des ministres de la religion. 

En 1815, il est nommé commissaire pour fournir aux besoins de l'armée royale par le Marquis d'Autichamp qui le charge de s'occuper des indigents.

*, Charles Marie de Beaumont d'Autichamp, début XIXe siècle
Enfin, le 17 mars 1821, il reçoit de la main du Roi Louis XVIII un brevet d'honneur au Palais des Tuileries, à Paris.

*, Portrait de Louis XVIII de France portant le cordon bleu du Saint-Esprit, entre 1814 et 1824
Rare parcours reconstitué d'un commissaire de l'armée royale pendant la Révolution. On suit toute sa campagne relativement bien relatée par lui-même (ce qui est encore plus rare) durant tous les troubles révolutionnaires. Ma chère nièce compte donc un chouan de plus parmi ses ancêtres !