Affichage des articles dont le libellé est Lanthenay. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Lanthenay. Afficher tous les articles

jeudi 3 mars 2016

Jean Pierre PINON héberge une orpheline

Jean Pierre PINON
|
Agathe Adélaïde PINON
|
Joseph PERLY
|
Pierre Joseph Émile Ernest PERLY
|
Ma grand-mère
|
Mon père
|
Moi

Jean Pierre PINON n'a pas particulièrement été chanceux dans sa vie concernant ses enfants. À vrai dire, il s'agit des ancêtres grâce auxquels notre existence ne tient qu'à un fil. En 1840, il épouse mon ancêtre Agathe VILPOU, fille d'un charretier de Romorantin. Ils ont deux enfants, Agathe Adélaïde (mon ancêtre) et Désiré Florent (dont je n'ai pas trouvé l'acte de décès, mais qui ne survivra pas si j'en crois les recensements). Sa femme meurt prématurément à l'âge de 28 ans. Il épouse alors sa cousine Adélaïde DEBOUT en 1843 avec laquelle il n'aura qu'une fille en 1847, Pauline, qui meurt au bout de six jours. 

Nous avons donc une cellule familiale constituée de Jean Pierre PINON, sa femme Adélaïde DEBOUT, et sa seule fille survivante issue de son premier mariage Agathe Adélaïde PINON. Sentaient-ils l'envie d'avoir d'autres enfants ? Toujours est-il que dans le recensement de 1856, un nouveau membre vient s'ajouter à la famille. 

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 2 MILN R124 - p. 118)
Ils élèvent Pauline DUON, qui est indiquée être élève de l'hospice de Blois et avoir alors 9 ans. Mis à part le fait qu'elle porte le prénom de leur défunte fille (et qu'elle est également née en 1847 comme cette dernière), il n'y a aucun lien entre notre famille et une famille DUON. L'hospice de Blois aurait-il pu être un orphelinat ? Est-ce une jeune orpheline qu'ils auraient recueillie ? Elle semble être trop jeune pour être domestique et d'ailleurs il n'est pas indiqué qu'elle soit leur domestique. Ils semblent l'avoir adoptée car en 1861, elle est toujours dans la famille et est indiquée comme "orpheline hospice de Blois".

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 1 MIEC 194 R2 - p. 85)

Elle n'a pas été adoptée, mais bien élevée par Jean Pierre PINON. Lors de son mariage avec Noël Lucien JOLLY, mon ancêtre qui l'a élevée est témoin en tant "qu'ami de l'épouse" ainsi que mon autre ancêtre Louis Benjamin PERLY (le mari d'Agathe Adélaïde PINON avec laquelle elle a été élevée, son "beau-frère" en quelque sorte) sous la même qualification.


(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 5MI18/R97 - p. 373)

L’an mil huit cent quarante sept, le neuvième jour du Mois
de Mars à neuf heures du Matin, pardevant nous Auguste Dominique
Lemaignon, Adjoint, faisant par délégation du Maire, les 
fonctions d’officier de l’état civil de la commune de Blois, 
canton de Blois, département de Loir-et-cher, Acte de naissance
de Pauline Duom, exposée le huit de ce mois à quatre heures
du matin, à la porte de l’hospice civil de cette ville, d’après la 
déclaration à nous faite par le sieur Léopold Chevallier, receveur
dudit hospice, de laquelle déclaration il a été par nous dressè le 
procès verbal dont la teneur suit : 
Aujourd’hui neuf Mars mil huit cent quarante sept à 
neuf heures du matin, pardevant nous Auguste-Dominique
Lemaignon, Adjoint, faisant, par délégation du Maire, les fonctions
d’officier de l’état civil de la commune de Blois, canton de Blois, 
département de Loir-et-Cher, est comparu en la maison commune
le sieur Léopold Chevallier, receveur de l’hospice civil de cette
ville, lequel nous a déclaré que le huit mars à quatre heures du 
matin, la portiere entendit sonner à la porte dudit hospice, qu’elle
ne vit personne ; mais trouva dans le tour placé contre la dite
porte un enfant qu’elle porta de suite à la supérieure.
L’enfant à nous représenté dans les mêmes vêtements de son 
exposition, avons reconnu qu’il était naissant, du sexe féminin, n’ayant
sur l’habitude du corps aucune marque distinctive et vêtu ainsi
qu’il suit : D’un bonnet d’indienne brune, d’un lange d’étoffe
brune, d’un mouchoir de coton rouge, d’une brassière d’étoffe
et d’une chemise de toile.
Avons demandé au sieur Chevallier si les auteurs de cette
exposition étaient connus, nous a répondu négativement ; il a donné
à cet enfant le prénom de Pauline et le nom de Duom ; l’avons
renvoyé à l’hospice, et avons dressé le présent que le dit
sieur Chevallier a signé avec nous après lecture faite

dimanche 21 février 2016

Épouser la domestique

Benjamin PERLY + Étiennette THEILLAY
|
Louis Benjamin PERLY
|
Joseph PERLY
|
Pierre Joseph Émile Ernest PERLY
|
Ma grand-mère
|
Mon père
|
Moi

S'il est une histoire bien connue de nos sociétés anciennes, c'est celle du "troussage de domestique". Et comme toute histoire, elle se base sur des faits réels. Dans ma généalogie, je ne compte plus les cas, du XVIe siècle au XXe où nos ancêtres ou leurs collatéraux se sont retrouvés dans cette situation, qu'ils soient domestique ou patrons. C'est le cas d'Alexis PERLY, fils de Benjamin PERLY et d'Étiennette THEILLAY et frère de mon ancêtre Louis Benjamin PERLY. En explorant le recensement de 1872 à Lanthenay (Loir-et-Cher), je découvre une information intéressante. 

(source : Archives départementales du Loir-et-Cher - 2 MILN R124 - p. 207)
Tout d'abord, je constate que mon ancêtre Joseph, âgé alors de 8 ans, vit avec ses grands-parents plutôt qu'avec ses parents pour une raison que j'ignore. Benjamin PERLY est propriétaire vigneron et a l'habitude d'avoir toujours une domestique dans son foyer. En 1872, il s'agit de Silvine FRAUDET. Ce nom me dit immédiatement quelque chose, et en effet, je retrouve dans mon fichier généalogique une femme homonyme, du même âge, avec la même profession et étant né au même lieu. 

En effet, en 1874, Alexis PERLY épouse Madeleine Silvine FRAUDET, la domestique de ses parents ! A-t-elle essayé de se sortir de sa condition en épousant le fils du patron ? Ou est-il tombé amoureux de la jolie domestique et décidé de l'épouser ? Nous ne le saurons jamais, mais ce couple n'aura pas d'enfants, ce qui permet d'évacuer un mariage de convenances suite à une grossesse imprévue. 

jeudi 24 janvier 2013

Retrouver la mort d'Angélique Richetin


Il est amusant de constater que, dans ma quête des ancêtres, certains m'intéressent plus que d'autres. Alors que je peux n'avoir d'autres indications que leur nom sur un bout de papier (mis à part lorsque les archives m'offrent des pépites comme des faits militaires, des paiements de dîmes ou des contrats devant notaire) et que je ne sais donc rien d'eux, certains m'intéressent particulièrement.

La pauvre Angélique Richetin n'en faisait pas partie. C'est assez injuste. Elle était peut-être super sympa en vrai, mais pourtant, elle ne m'intéressait pas plus que ça. Le peu d'informations que j'avais à son sujet, c'est qu'elle était la fille de Pierre Macé Richetin et de Madeleine Catherine Villardry.

Angélique vivait à Romorantin, née peu après la Révolution, elle avait épousé à la fin de l'Empire, Jean Maurice Toussaint Souchay et avait donné naissance à Toussaint Silvain Souchay (mon sosa 86). Sur Geneanet, personne n'avait jamais trouvé son acte de décès et je m'étais moi-même imaginé que je ne le trouverai pas.

J'avoue que l'idée de farfouiller dans les registres sombres (ce sont des microfilms) et nombreux (c'est une grande ville) de Romorantin m'enthousiasmait moyennement. Et puis, ce matin, j'ai décidé que j'aimerai un peu Angélique Richetin qui n'avait rien fait pour mériter ce peu d'attention que d'avoir peu de gens sur Geneanet qui s'étaient intéressés à elle.

Voici les indices dont je disposais :

  • Son mari, sur son acte de décès, est dit "veuf en premières noces d'Angélique Richetin et époux en deuxième de Madelaine Valin".
  • Ayant épousé Marie Madeleine Vaslin le 5 novembre 1833 à Villeherviers (Loir-et-Cher), Angélique était décédée avant cette date.
J'ai donc procédé dans l'ordre en cherchant chacun de ses enfants. Étant née en 1793 et décédée avant 1833 (avant 39 ans, donc avant la ménopause), mes ancêtres ayant une fâcheuse habitude à avoir constamment des bébés, je savais que le moment où il n'y aurait plus de naissances marquerait une date possible de décès. Elle pouvait d'ailleurs être morte en couches, vu son jeune âge. Je suis donc parti de leur date de mariage en 1812 et j'ai trouvé : 
  • Toussaint Silvain en 1812 (mon ancêtre, dont elle était enceinte de 4 mois au moment du mariage)
  • Jean Baptiste en 1814
  • Angélique en 1815
  • Marie Anne en 1818
  • Joséphine Dauphine en 1821
  • Angélique Adélaïde en 1823
  • Jules Eugène en 1827
  • Armantine en 1831
Dans certains de ces actes, elle est parfois appelée Angélique Adélaïde (comme sa quatrième fille). Sa marraine se nommant Adélaïde, il peut s'agir de son nom d'usage, ou encore d'un nom de communion (on changeait fréquemment de prénom autrefois après sa communion) bien que son nom de baptême soit Angélique. Cette indication va être précieuse, comme nous allons le voir.

Grâce à la naissance d'Armantine, je savais qu'Angélique était forcément décédée entre 1831 et 1833 (le faisceau de recherches était considérablement réduit au cas où j'aurais dû chercher dans d'autres communes proches ou à Lanthenay, assimilée plus tard à Romorantin). Comme je l'ai dit plus haut, Romorantin compte en moyenne 200 à 300 actes de chaque catégorie pour chaque année. Je me suis donc aidé des listes alphabétiques en fin de chaque année pour aller plus vite. Et mon regard a été attiré sur la liste des décès de 1832 par une Adélaïde Antoinette Richetin. 

Clément Bècle, sur son blog, nous a parlé récemment d'un ancêtre à deux prénoms en fonction des actes. Ayant l'habitude des officiers d'état civil ou des témoins peu rigoureux, je suis tout de même allé voir cet acte, sachant qu'elle avait été appelée parfois Adélaïde. Voilà ce que l'on peut lire : 

(source : Archives Départementales du Loir-et-Cher - 5MI194/R37 p. 98)
"Lesquels nous ont déclaré que le vingt six du mois de Juin à trois heures du soir, adélaïde antoinette Richetin âgée de trente huit ans, profession de fileuse demeurant à Romorantin département de Loir et Cher, épouse de Jean Maurice toussaint Souchay, fille des défunts Pierre Richetin, et Catherine Villardry, est décédée en notre commune, en sa maison."
 Les informations dont je dispose qui me permettent d'affirmer qu'Adélaïde Antoinette est bien Angélique sont les suivantes :

  • J'ai déjà vu dans les actes de naissances de certaines de ses enfants qu'elle est appelée Adélaïde ou Angélique Adélaïde.
  • Le nom de ses parents correspond.
  • Les témoins sont Etienne Souchay, son beau-frère et André Delahaye, l'oncle de son mari donc les âges et les noms correspondent à ceux que j'ai déjà trouvé.
  • Son mari est cité avec tous ses prénoms et il n'y a qu'un seul Jean Maurice Toussaint Souchay à cette époque à Romorantin.
  • L'âge du décès correspond à un an près à l'année de naissance.
Alors bien sûr, quelqu'un qui va un peu vite, qui ne recherche pas les autres enfants (ou les membres de sa famille et belle-famille qui sont témoins de l'acte de décès et permettent de consolider les preuves) ne trouvera jamais dans les listes annuelles ou dans les tables décennales d'acte de décès au nom de "Angélique Richetin" et en déduira qu'il n'a jamais trouvé l'acte.

Je suis fier d'être encore une fois le premier sur Geneanet à trouver un acte que personne n'avait trouvé, à l'aide d'un peu de déduction et d'obstination. Tout ce chemin de recherche (qui ne m'aura pris qu'une heure ce matin et une autre ce soir) m'a permis d'apprécier cette pauvre Angélique injustement délaissée et de lui restituer son acte de décès injustement mal nommé.

Sont-ce son oncle et son beau-frère qui se sont trompés de nom (ce qui paraît plutôt étonnant) ou Philippe Léon Vallois, le maire, qui était un peu dur d'oreille ? Nous ne le saurons jamais...