vendredi 5 avril 2013

Explorer une nouvelle branche


Il y a encore peu de temps, Léonarde Leymarie n'était qu'une personne de plus sur mon arbre, dont je ne savais pas grand chose.
(Liens de parenté jusqu'à mon arrière-grand-mère, source : Arbre familial, via Geneanet)
Je la savais épouse de Bernard Rebeyrol, cultivateur, clerc et laboureur, j'avais même trouvé leurs sept enfants, mais pas de trace d'acte de mariage. J'étais passé à un autre ancêtre et j'avais continué mes pérégrinations dans les registres.

Seulement, la pauvre Léonarde se retrouvait avec pour seules informations ses sept enfants et son acte de décès le 5 septembre 1789. Comme mon projet Wikifremo veut que je trouve le plus de renseignements sur mes ancêtres, je me suis attelé à trouver le fin mot de l'histoire de Léonarde. 

Tous les enfants de Léonarde et Bernard étaient nés et avaient vécu à Saint-Paul-la-Roche, en Dordogne. N'ayant pas trouvé l'acte de mariage Rebeyrol/Leymarie et la tradition voulant qu'on se mariait dans la commune de naissance de la mariée, je pouvais en déduire que Léonarde ne venait pas de Saint-Paul-la-Roche. Grâce à Bigenet et 2 € plus tard (je n'aime pas payer pour une information, mais personne sur Geneanet ne s'intéresse à la famille Leymarie et Bigenet avait l'information) j'ai appris qu'ils s'étaient mariés à Lanouaille.

(A- Saint-Paul-la-Roche, B- Lanouaille, source : Google Maps)
Sur l'acte de mariage, j'apprends que Bernard Rebeyrol est veuf d'une "Léonarde" Bouyer (il s'agit en réalité d'une Marie, qui sera même appelée Marie "Lajarte" sur son acte de mariage) figurent le nom de ses parents que je connaissais déjà, et surtout, ceux des parents de Léonarde : Simon Leymarie et Germaine Dufour.

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI11806_001- p. 614)
On le sait, en généalogie, l'acte de mariage est le sésame qui nous permet de pouvoir remonter à la génération précédente. En supposant que Simon Leymarie et Germaine Dufour aient bien vécu à Lanouaille, j'allais pouvoir découvrir toute une nouvelle branche dans un tout nouveau village. 

Mes ancêtres de Dordogne se trouvent généralement à Thenon, Saint-Paul-la-Roche, Jumilhac-le-Grand, La Coquille, Chaleix, toutes communes limitrophes. Il a donc fallu se familiariser avec de tous nouveaux noms de famille et l'écriture nouvelle d'un curé. Bigenet m'ayant indiqué (gratuitement) que Simon Leymarie et Germaine Dufour s'étaient mariés en 1733, je file à cette année à Lanouaille pour commencer par leur acte de mariage avant de trouver leurs enfants un par un. 

Je n'y trouve pas d'acte de mariage, mais à la fin de l'année, je trouve l'acte de baptême de Léonard Leymarie, fils de Simon Leymarie maître maréchal (j'apprends déjà son métier) et Germaine Dufour. Sur cet acte, figurent deux informations importantes.

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI11806_001- p. 204)
"... et marraine Jeanne dufour sa tente maternelle habitante au vilage de varelie paroisse de genis en limousin..."
Le fait que la tante et marraine habite à Génis peut me laisser penser que c'est le village d'origine des Dufour et que c'est l'endroit où se sont mariés Simon et Germaine. Génis se trouve toujours en Dordogne, un peu plus au sud de Lanouaille.

(source : Carte de Cassini)
Mais cet acte de baptême m'apporte un nouveau renseignement. Généralement, pour le baptême du premier (voire des deux premiers enfants), on choisissait comme parrain et marraine les grands-parents des enfants, puis les oncles et tantes ou amis pour les autres enfants. Ici, le grand-père n'a pas pu être parrain (peut-être était-il malade, trop vieux, alité, etc.), mais une petite note en marge nous apprend ceci :

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI11806_001- p. 204)
"guilhaume leymarie grand pere a prié leonard boni de porter sur les fons baptismaux le dit baptisé"
Quand on sait que dans un grand nombre de cas, les actes de mariages de Dordogne ne mentionnent pas le nom des parents, c'est un renseignement précieux que de savoir que Simon Leymarie, le maître maréchal, est le fils d'un Guilhaume Leymarie.

L'astuce de la marraine/tante a ensuite fonctionné et j'ai trouvé comme promis l'acte de mariage à Génis, où j'apprends que Simon et son père Guilhaume savent signer d'une belle écriture.

(Signature de Simon Leymarie, source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI09505_003 - p. 88)
J'ai donc continué, année après année, jusqu'à trouver l'acte de baptême de Léonarde en 1738. Ce qui est amusant lorsqu'on découvre une nouvelle branche, c'est qu'aucun des noms ne nous est connu. J'ai donc vu beaucoup de Leymarie dans ce village qui avaient des professions de bourgeois ou maître chirurgien et mariés à des femmes de petite noblesse. Sont-ils liés avec mes Leymarie ? Je ne le saurais qu'en remontant davantage de génération. Alors, le brouillard d'encre et de papier s'éclaircira et enfin je comprendrais les relations entre les habitants du village, peut-être seulement dans un an ou deux...

Enfin, en cherchant les différents enfants Leymarie, je suis tombé sur l'acte de décès de Léonard Dufour, le père de Germaine, qui était peut-être parti passer ses vieux jours chez son gendre.

(source : Archives départementales de la Dordogne - 5MI11806_001- p. 653)
"Le meme jour et an que cy dessus, à eté enterré dans le cimetiere dela nouaille apres avoir receu l'extre onction etant mort d'un someil letargique, du pst bourg. Leonard dufour veuf de füe marie vigneras, agé d'environ soixante et dix ans en presence de Simon leymarie son gendre du pst bourg qui at signé et de jean bugeaud qui nat signé."
Un grand-père qui décède donc à un âge honorable pour l'époque, mais surtout, d'une raison assez étonnante et que le prêtre prend la peine de noter : sommeil léthargique. Etait-il dans le coma depuis un certain temps ? En 1742, sans possibilité d'être alimenté, le coma devait signer un arrêt de mort à coup sûr...

En tout cas, je ne le dirais jamais assez, en généalogie, l'important, ce n'est pas ce qu'on trouve, c'est de chercher. Et j'ai maintenant une toute nouvelle branche à laquelle personne sur Geneanet ne s'est jamais intéressé à explorer. Bien plus amusant que ces milliers d'arbres sur l'ascendance de Louis XIV, je peux maintenant faire revivre la famille d'un maréchal ferrant d'un petit village de Dordogne qui n'aura certes pas marqué l'histoire, mais sans qui je ne serai pas là aujourd'hui.

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